Par , publié le 17 mars 2025

En prêtant allégeance de manière aussi éhontée à Donald Trump, les géants technologiques américains espéraient de la nouvelle administration un traitement plus favorable que celui réservé par la précédente. Mais leur calcul politique n’a pas porté ses fruits. Deux mois après la passation de pouvoir, tous les signes pointent en effet vers un climat au moins aussi difficile. Non seulement les procédures contre Google, Apple ou Meta pour des pratiques jugées anticoncurrentielles, principalement lancées pendant le premier mandat du président américain, se poursuivent sans réelle perspective d’assouplissement. Mais un nouveau front pourrait aussi s’ouvrir: celui d’une prétendue censure des discours conservateurs. Un rappel que les groupes tech restent, malgré leurs efforts parfois grossiers, une cible de choix dans le camp trumpiste.

“L’une de nos priorités” – Cette approche est illustrée par les responsables choisis par Donald Trump, peut-être sous l’influence de son vice-président JD Vance. Aux États-Unis, la politique de la concurrence est menée par la Federal Trade Commission et par la division antitrust du département de la Justice. Le locataire de la Maison Blanche a choisi de placer à leur tête deux responsables connus pour leurs critiques contre la position dominante des grandes sociétés tech. “Elles restent l’une de nos priorités”, assure ainsi Andrew Ferguson, le nouveau patron de la FTC, qui promet de mobiliser “toutes les ressources nécessaires” pour les plaintes déposées contre Meta et Amazon. Lors de son audition de confirmation au Sénat, Gail Slater, nommée au DOJ, a tenu un discours similaire. Elle supervisera notamment les procédures contre Google et Apple.

Vente de Chrome – Les premières décisions de la nouvelle administration confirment une certaine continuité. Selon l’agence Bloomberg, la FTC a décidé de poursuivre l’enquête antitrust contre Microsoft déclenchée sous l’administration Biden. Celle-ci porte notamment sur le marché du cloud. Le groupe de Redmond est accusé, en particulier par Google, de se livrer à une vente liée au profit de sa plateforme Azure. Dans un autre dossier, le régulateur se penche sur l’étrange accord conclu l’an passé avec la start-up Inflection AI, qui pourrait être considéré comme une acquisition déguisée. De son côté, le DOJ n’a maintenu l’essentiel des demandes formulées en novembre dernier dans le cadre d’un procès contre Google. Il réclame toujours la vente du navigateur Internet Chrome afin de relancer la concurrence dans le domaine de la recherche en ligne.

Multiples dossiers – D’autres échéances approchent. Mi-avril, un procès doit s’ouvrir contre Meta. La FTC devrait alors demander à la justice américaine de contraindre le réseau social à revendre Instagram et WhatsApp. En septembre, le gendarme de la concurrence retrouvera aussi Amazon devant un tribunal. Le géant du commerce en ligne est accusé d’avoir trompé ses clients pour les pousser à s’abonner à son offre Prime. L’an prochain, il sera au cœur d’un procès pour abus de position dominante. Le DOJ sera, lui aussi, bien occupé. Au cours des prochains mois, il devra proposer des mesures correctives en cas de nouvelle condamnation de Google, cette fois-ci sur le marché des technologies publicitaires – le procès s’est tenu l’an passé. Il devra aussi poursuivre les poursuites antitrust lancées contre Apple. Et ses investigations sur Nvidia.

Pour aller plus loin:
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