Un retour dans le vert qui tombe à pic pour Klarna. Juste avant son introduction en Bourse, le spécialiste suédois du “achetez maintenant, payez plus tard” a renoué l’an passé avec les profits. Des bénéfices très modestes d’à peine 21 millions de dollars, mais qui succèdent à des années de très lourdes pertes. En 2022, celles-ci s’étaient chiffrées à un milliard de dollars – probablement un record pour une start-up européenne. Depuis, Klarna a augmenté son volume d’affaires de 26% et accru ses recettes de 48%, tout en stabilisant le niveau de ses dépenses. Son patron Sebastian Siemiatkowski promet d’aller encore plus loin grâce à l’intelligence artificielle. Il assure que son chatbot permet déjà de remplacer 800 employés dans le service client. Et il compte ramener les effectifs à 2.000 personnes, contre 5.000 il y a trois ans.
Sans frais – Fondée en 2005, Klarna revendique 93 millions d’utilisateurs dans le monde. La plateforme permet de régler des achats en plusieurs fois sans frais. Pour les dépenses plus importantes, elle offre des crédits pouvant aller jusqu’à 36 mois, avec des taux d’intérêt. Elle permet aussi de différer les paiements, le temps notamment d’essayer un article et de le retourner sans jamais être débité. Selon Klarna, ces nouvelles options permettent d’augmenter le taux de conversion de 20%, le panier moyen de 23% et la fréquence d’achat de 45%. La société revendique près de 675.000 marchands partenaires, dont Nike, H&M et Ikea. Elle se rémunère principalement en leur facturant des commissions. Elle propose aussi une carte bancaire, physique ou virtuelle, pour régler des achats en magasin ou sur les sites non-partenaires, comme Amazon.
Valorisation record – Pour Klarna, l’introduction en Bourse doit parachever des dernières années particulièrement chaotiques. Le groupe a d’abord profité de l’euphorie des investisseurs pendant la crise sanitaire, levant plus de trois milliards de dollars et portant sa valorisation à 46 milliards, du jamais vu en Europe. Mais il a ensuite été rattrapé par la fin de l’argent facile. Contraint de licencier, il a aussi dû accepter une forte décote de sa valeur – ramenée à seulement 7 milliards. Selon Bloomberg, ses dirigeants ambitionnent de récolter un milliard de dollars en rejoignant le New York Stock Exchange, sur la base d’une capitalisation de 15 milliards. Pour séduire les investisseurs de Wall Street, ils pourront mettre en avant l’amélioration des performances opérationnelles, alors même que le rythme de croissance de l’activité ralentit.
Menace réglementaire – Autre élément positif: la stabilisation des pertes sur crédit, subies lorsque l’acheteur n’effectue pas tous les versements prévus, qui représentent 0,5% du volume d’affaires. Klarna a également vu disparaître un concurrent potentiellement redoutable: Apple. L’an passé, le groupe à la pomme a en effet arrêté son offre de paiement fractionné, à peine un an après son lancement aux États-Unis. Mieux encore, la start-up suédoise vient d’être ajoutée comme moyen de paiement dans Apple Pay, permettant à ses utilisateurs américains et britanniques de payer en magasin avec un iPhone sans avoir à utiliser une carte virtuelle. Reste une menace importante: un renforcement de la réglementation dans plusieurs pays, alors que Klarna et ses rivales sont accusées d’accentuer le surendettement, notamment chez les jeunes.
Pour aller plus loin:
– Pour la French Tech, enfin l’heure des introductions en Bourse ?
– La plateforme de crédit Younited va entrer en Bourse