Par , publié le 24 mars 2025

Meta a fini par se plier aux exigences européennes. Cette semaine, la société dirigée par Mark Zuckerberg  va en effet déployer son assistant d’IA sur le continent, neuf mois après y avoir renoncé en raison d’un différend avec les autorités de protection de données personnelles. Pour le contourner, elle a dû renoncer à son projet initial, qui prévoyait d’entraîner ses grands modèles de langage Llama avec les messages et les photos publiées par ses utilisateurs. “Cela a pris plus de temps que nous l’aurions souhaité”, explique-t-elle, évoquant un “système réglementaire complexe”. Ce lancement n’est cependant que partiel: une partie des fonctionnalités, comme la possibilité de créer des images, ne seront pas disponibles. Meta promet cependant qu’il ne s’agit que d’une “première étape” et  assure viser la “parité avec les États-Unis”.

700 millions d’utilisateurs – Baptisé Meta AI, l’assistant est disponible sur les quatre principales applications du groupe: Facebook, Messenger, Instagram et WhatsApp. Il est possible d’interagir directement avec lui, mais aussi dans les discussions avec des amis. Il est capable de répondre à des questions, de retoucher des photos ou encore de traduire automatiquement des vidéos. Meta AI s’appuie sur le dernier modèle multimodal Llama. Il peut ainsi aussi bien comprendre et générer du texte, de l’audio ou des images. Lancé il y a un an et demi aux États-Unis, il compterait plus de 700 millions d’utilisateurs actifs par mois, davantage que ChatGPT. Selon CNBC, le service va avoir le droit à sa propre application. Et une version payante va être lancée. L’ajout de publicités a également été évoqué par les responsables de Meta.

Consentement – L’an passé, le réseau social avait repoussé le lancement de son assistant en Europe. Il mettait alors en avant les demandes de la DPC, la Cnil irlandaise, son autorité de référence sur le continent dans le cadre du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Sous la pression de ses homologues européennes, celle-ci lui avait alors interdit d’utiliser les messages, les commentaires et les photos postés sur ses plateformes pour entraîner ses modèles. La raison: la société américaine ne souhaitait pas demander le consentement des utilisateurs, leur laissant simplement la possibilité de refuser en remplissant un formulaire en ligne – à condition toutefois de fournir une justification jugée recevable. Une pratique “clairement contraire au RGPD”, dénonçait l’activiste autrichien Max Schrems, qui avait décidé de porter plainte.

Llama aussi – Meta assurait ainsi ne pas pouvoir offrir mieux qu’une “expérience de deuxième classe” à ses utilisateurs européens, préférant annuler le déploiement de Meta AI. “Si nous n’entraînons pas nos modèles sur le contenu public que les Européens partagent sur nos services alors les fonctionnalités d’IA qu’ils alimentent ne comprendront pas avec précision les langues régionales, les cultures ou les sujets qui font réagir”, expliquait l’entreprise – un problème qui visiblement n’existe plus… Dans la foulée, elle avait annoncé que la prochaine version multimodale de Llama ne serait pas lancée sur le continent – la version textuelle, elle, est accessible. Même chose pour ses lunettes connectées: les fonctionnalités multimodales, permettant aux utilisateurs de demander des informations sur ce qu’ils voient, ne sont pas disponibles en Europe.

Pour aller plus loin:
– L’IA, le nouveau pari de Mark Zuckerberg
– Les Cnils européennes s’opposent à l’abonnement payant de Meta


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité