Par , publié le 25 mars 2025

C’est une gigantesque base de données de plus de quinze millions de profils génétiques qui sera bientôt vendue au plus offrant. Englué dans une grave crise financière, 23andMe s’est en effet placé dimanche sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Objectif affiché: trouver un repreneur, pour tout ou partie de ses actifs, au cours des 45 prochains jours. “L’acheteur devra se conformer à la législation applicable en matière de traitement des données des clients”, promet le spécialiste des tests ADN à usage récréatif. Mais celui-ci n’est soumis à aucune réglementation sur l’utilisation des profils génétiques. Son éventuel repreneur sera donc libre de monétiser comme il le souhaite cette base. En Californie, les autorités recommandent d’ailleurs aux clients de la société de demander la suppression de leurs données.

Lourdes pertes – 23andMe offre des analyses génétiques à réaliser à domicile avec un kit de prélèvement salivaire. Celles-ci permettent d’identifier les origines ethniques et les prédispositions pour développer certaines maladies. La véracité de ces tests, interdits en France, est remise en cause. Mais ils ont quand même séduit plus de 15 millions de curieux. À l’été 2021, l’entreprise s’introduit en Bourse. Elle vaut alors six milliards de dollars. Lundi, sa capitalisation est tombée à 20 millions. Non seulement, 23andMe accuse un essoufflement de son potentiel commercial, notamment parce que ses clients ne réalisent les tests qu’une seule fois. Mais elle affiche aussi de très lourdes pertes: 681 millions de dollars en 2023/24. Conséquence, sa trésorerie a fondu à 126 millions – un niveau qui aurait pu être insuffisant pour terminer l’année.

Perte de poids – 23andMe a bien tenté de diversifier ses activités. La société a lancé des abonnements, proposant des conseils de santé et davantage de données sur les ancêtres. Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur. Elle commercialise une offre mensuelle de téléconsultation et des prescriptions médicales, en particulier l’Ozempic, un médicament dont l’usage a été détourné pour faire perdre du poids. 23andMe cherche aussi à monétiser sa base de profils génétiques. En 2018, elle a conclu un partenariat avec le laboratoire Glaxosmithkline pour mener des recherches médicales. Celui-ci lui a rapporté près de 400 millions de dollars, mais son montant annuel a été revu à la baisse. Surtout, ses potentiels résultats positifs (23andMe et GSK doivent partager les profits) sont trop lointains face à l’urgence de la situation.

Données en vente – Les difficultés de 23andMe ont été accentuées par une faille de sécurité massive en 2023, qui a permis à des pirates informatiques de mettre la main sur les données personnelles et les résultats sur les origines de sept millions de clients. Les informations d’un million de personnes, dont Elon Musk et Mark Zuckerberg, s’étaient ainsi retrouvées en vente sur un forum spécialisé. Cet incident a accéléré la baisse de son chiffre d’affaires. Il est également au cœur de plus de 50 plaintes déposées devant la justice américaine. Ces derniers mois, sa fondatrice Anne Wojcicki a essayé de racheter la société. Mais ses différentes offres ont été rejetées par le conseil d’administration. Elle vient de quitter son poste de directrice générale, afin de proposer une nouvelle proposition dans le cadre du processus de faillite.

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