Par , publié le 2 avril 2025

Un “nouvel Intel” qui ressemble beaucoup au… précédent. Deux semaines après sa prise de fonction, Lip-Bu Tan a dévoilé lundi son plan d’action pour relancer le géant américain des processeurs. “Nous avons beaucoup de travail devant nous”, a-t-il reconnu en ouverture de la conférence annuelle dédiée aux clients. Et il a promis d’insuffler un “changement de culture” pour réduire la bureaucratie et ainsi pour innover comme une “start-up qui vient de se lancer”. Le nouveau directeur général a insisté en particulier sur les accélérateurs destinés à l’intelligence artificielle générative, un marché en forte croissance sur lequel le groupe de Santa Clara est largement distancé. Mais au-delà de ces belles intentions, sa feuille de route se démarque finalement assez peu de celle que souhaitait mettre en place son prédécesseur, Pat Gelsinger.

La fonderie conservée – Symbole de cette continuité: Lip-Bu Tan n’entend pas se séparer de la branche fonderie. Il ambitionne même que celle-ci devienne “la meilleure du monde”. Lancée en 2021, cette activité consiste à graver des composants conçus par d’autres, une révolution pour Intel qui s’est bâti sur l’intégration verticale. Pat Gelsinger prévoyait d’investir plus de 100 milliards de dollars pour construire de nouvelles usines. Certes, la société a signé quelques contrats emblématiques, notamment pour les puces d’IA de Microsoft et d’Amazon. Mais sa fonderie accumule aussi de très lourdes pertes. De nombreux investisseurs réclament sa vente, alors que le retard technologique sur TSMC semble insurmontable. Lip-Bu Tan met cependant en avant le déploiement, attendu au deuxième semestre, d’une nouvelle technique de gravure. Comme son prédécesseur.

Cessions d’actifs – Pour le nouveau patron d’Intel, pas question donc de mener un big bang. Ces derniers mois, plusieurs scénarios radicaux avaient été étudiés par la direction par intérim, avec comme seul objectif de maximiser les retours financiers pour les actionnaires. Une hypothèse prévoyait notamment un démantèlement du groupe: la vente de l’activité de conception à Broadcom et celle de la production à TSMC. Lundi, Lip-Bu Tan a simplement évoqué la cession ou la scission d’actifs considérés comme non stratégiques. Cela pourrait notamment concerner la filiale Altera, rachetée en 2015 et spécialisée dans les composants reprogrammables. Cette opération avait déjà été étudiée à l’automne dernier, trois mois avant le départ en retraite forcé de Pat Gelsinger. Les analystes estiment qu’elle pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards de dollars.

“Profil idéal” – Contrairement à son prédécesseur, Lip-Bu Tan n’est pas un pur produit d’Intel. Il a acquis ses lettres de noblesse chez Cadence Design Systems, spécialiste des indispensables logiciels EDA de conception de puces, qu’il a dirigé pendant plus de dix ans. En 2022, il a été nommé administrateur d’Intel, notamment pour apporter son expérience à la branche fonderie. Mais il a démissionné de son poste à peine deux ans plus tard, en raison de désaccords stratégiques. “Il affiche le profil idéal: une combinaison d’expérience dans le design et dans la fabrication”, estime l’analyste Patrick Moorhead. Sa mission s’annonce cependant bien difficile. En plus du retard dans l’IA et des débuts compliqués de la branche fonderie, les positions d’Intel sont aussi menacées sur ses marchés historiques, les processeurs pour ordinateurs et serveurs.

Pour aller plus loin:
– La production pour TSMC, la conception pour Broadcom: vers un démantèlement d’Intel ?
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU


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