Par , publié le 7 avril 2025

“Pire que le pire scénario”. Les analystes sont unanimes: les droits de douane annoncés la semaine dernière par Donald Trump vont lourdement impacter les géants technologiques américains. À Wall Street, leurs actions, déjà en difficulté depuis le début de l’année, ont d’ailleurs accusé de très lourdes pertes jeudi et vendredi. “Cette nouvelle politique commerciale changerait négativement la donne pour la tech américaine, incapable de rivaliser avec la Chine”, redoute ainsi Dan Ives, de Wedbush, pourtant connu pour ses positions toujours très optimistes. Il cite un “bouleversement de la chaîne d’approvisionnement”, des “coûts massifs” ou encore “d’importants retards dans les investissements en raison de l’incertitude”. En outre, un risque de double peine se profile: ces entreprises pourraient être ciblées par les représailles européennes.

Consommation – Apple est probablement celui qui a le plus à perdre. Le groupe à la pomme fait toujours fabriquer l’immense majorité de ses appareils en Chine, qui seront touchés par des droits de douane additionnels de 54%. Cela représente plusieurs centaines de dollars pour un iPhone. Pour limiter l’impact, Apple pourrait envoyer vers les États-Unis une plus grande partie de sa production indienne, soumise à un taux de 26%. Dans tous les cas, il faudra arbitrer entre une contraction des marges et une hausse des tarifs. La marque pourrait aussi être rattrapée par une potentielle récession, qui pénalisera la consommation. Cela vaut aussi pour Amazon, qui pourrait en plus afficher des prix en hausse, notamment parce qu’un tiers des vendeurs tiers de sa marketplace sont basés en Chine. Et également pour l’activité publicitaire de Google et de Meta.

Cartes graphiques – Pour l’instant, les droits de douane épargnent les semi-conducteurs. Et donc les puces avancées produites par le fondeur TSMC à Taïwan – qui échappent à un tarif douanier supplémentaire de 32%. Mais cette exemption ne pourrait être que temporaire: la Maison Blanche réfléchit en effet à imposer des droits sectoriels, identiques pour tous les pays – comme elle l’a fait avec l’automobile. Fin janvier, Donald Trump avait évoqué “des taxes de 25%, 50% ou même 100%”, afin de relancer la production nationale. De tels droits de douane pourraient renchérir de plusieurs milliers de dollars le prix des cartes graphiques de Nvidia, indispensables pour entraîner et faire tourner les derniers modèles d’IA générative. Une mauvaise nouvelle pour le groupe, mais aussi pour ses clients qui devront réduire leurs projets ou dépenser davantage.

Représailles – La tech américaine pourrait également être au cœur de la réponse de l’Europe. L’hypothèse a été publiquement évoquée par le gouvernement français. Cela pourrait prendre la forme d’une taxe sur des services digitaux, similaire à la taxe Gafa mise en place par plusieurs pays, dont la France – mais dont l’efficacité est contestée, car elle est en réalité payée par les clients. Il pourrait aussi s’agir de barrières dites non monétaires, comme un encadrement renforcé de l’usage des données ou exclusion des marchés publics. Ces mesures sont rendues possibles par un instrument “anti-coercition” instauré en 2023. Elles ne font cependant pas l’unanimité. Par ailleurs, la Commission pourrait aussi se montrer plus sévère dans le cadre du DMA et du DSA, alors qu’elle pensait infliger des amendes modestes pour éviter les tensions avec Washington.

Pour aller plus loin:
– TSMC promet d’investir massivement aux États-Unis… mais reste menacé
– Mark Zuckerberg demande l’aide de Donald Trump contre l’Europe


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