Par , publié le 28 avril 2025

Le timing ne pouvait pas être meilleur pour Huawei. Début avril, le géant chinois a présenté une nouvelle carte graphique (GPU) dédiée à l’intelligence artificielle générative, rapporte le média spécialisé DigiTimes. Cette annonce coïncide avec l’entrée en vigueur de nouvelles restrictions américaines sur les exportations de puces vers la Chine. Celles-ci concernent les modèles bridés conçus par Nvidia, en particulier les H20, ou par AMD pour respecter les seuils de puissance maximale fixés par Washington. Une aubaine donc pour Huawei, qui a désormais le champ libre dans le pays. Le groupe peut en effet offrir des alternatives crédibles aux GPU américains, grâce aux importants progrès réalisés depuis deux ans. Mais aussi grâce aux subterfuges qu’il a mis en place pour échapper aux sanctions américaines qui le ciblent depuis plus de quatre ans.

6 nanomètres – Baptisé Ascend 920, le nouvel accélérateur a été dévoilé lors d’une conférence organisée par la branche cloud d’Huawei. Comme pour les modèles précédents, il n’existe cependant ni image officielle, ni fiche technique. Le groupe de Shenzhen refuse même de confirmer son existence. Selon la presse chinoise, qui cite des personnes ayant assisté à la présentation, le GPU doit être commercialisé au second semestre. Il sera gravé en 6 nm, soit un de moins que ses prédécesseurs. En attendant ce lancement, Huawei prévoit aussi de proposer une troisième version de l’Ascend 910, explique l’agence Reuters. Deux fois plus puissante, celle-ci pourrait être utilisée pour l’entraînement des modèles d’IA. Sur l’inférence, elle afficherait 60% des performances du H100 de Nvidia, qui était jusqu’à fin 2024 le GPU de référence hors de Chine.

Sociétés écrans – Beaucoup de mystères entourent encore le processus industriel de Huawei. Contrairement aux processeurs équipant ses smartphones 5G, qui semblent être gravés par le fondeur chinois SMIC, les GPU maison utiliseraient, eux, des puces produites par TSMC. Pourtant, le groupe ne peut plus se fournir auprès du géant taïwanais, depuis son inscription en 2020 sur une liste noire par les États-Unis, lui interdisant toute relation commerciale avec des entreprises utilisant des technologies américaines. Pour contourner ce problème, Huawei aurait recours à des sociétés écrans. L’une d’entre elles a été démasquée par une analyse menée par le cabinet spécialisé TechInsights. D’autres seraient toujours actives. En outre, Huawei aurait constitué d’importants stocks de puces mémoire à large bande passante (HBM), qu’il faut associer aux GPU d’IA.

Tests chez DeepSeek – Huawei aurait ainsi la capacité de produire au moins un million de GPU Ascend. Si leurs performances demeurent bien inférieures aux derniers modèles de Nvidia, l’important est ailleurs. La société ne vise pas les marchés occidentaux. Elle cherche simplement à remplacer les puces moins performantes que proposait le groupe de Santa Clara en Chine. Sur le papier, ses nouveaux GPU semblent suffisants pour prendre le relais auprès des spécialistes locaux de l’IA. La start-up DeepSeek les testerait d’ailleurs pour remplacer les H20 de Nvidia. C’est le scénario tant redouté par le géant américain, qui a plaidé jusqu’aux derniers instants pour éviter de nouvelles restrictions d’exportation sur les GPU. Au-delà de l’impact financier, ses dirigeants craignent surtout l’émergence de rivaux capables de le concurrencer hors de Chine.

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis veulent transformer les puces d’IA en arme géopolitique
Comment Huawei déjoue les sanctions américaines


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