Onze ans après son lancement, Deliveroo a enregistré en 2024 son premier exercice bénéficiaire. Ce sera aussi le dernier. Mardi, le spécialiste britannique de la livraison de repas a en effet accepté une offre de rachat par DoorDash, le géant américain du secteur. Celle-ci le valorise à 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros). Une somme très éloignée de la capitalisation de 8 milliards retenue en 2021 au moment de son introduction en Bourse. L’opération doit encore être approuvée par les actionnaires. Si elle concerne deux leaders du secteur, elle ne devrait cependant pas être bloquée par les autorités européennes de la concurrence, car les deux services n’opèrent pas sur les mêmes marchés. En mettant la main sur Deliveroo, DoorDash va ainsi prendre pied au Royaume-Uni et en France, poursuivant l’expansion européenne lancée en 2021.
Croissance en berne – Fondée en 2013, Deliveroo s’impose rapidement comme l’un des principaux acteurs du secteur en Europe. Sa croissance affiche un pic pendant la pandémie de coronavirus. Entre 2019 et 2021, son volume d’affaires s’envole de 150%. La start-up se lance alors dans de nouveaux pays, convaincue, comme ses investisseurs, que le marché de la livraison de repas va poursuivre son ascension. Mais l’amélioration de la situation sanitaire, puis la résurgence de l’inflation l’ont ramené à une autre réalité. Celle d’une croissance qui stagne: depuis 2021, son activité n’a progressé que de 17%, uniquement grâce à son offensive dans la livraison de courses. Ses dirigeants ont dû mettre le cap sur la rentabilité, menant plusieurs plans sociaux et se retirant de plusieurs pays. Mais les investisseurs de la City londonienne avaient perdu espoir.
Deux tiers du marché – DoorDash n’a pas connu le même ralentissement. Lancée la même année que Deliveroo, la société s’est imposée aux États-Unis en adoptant une stratégie différente. Elle ne s’est pas focalisée sur les grandes villes, cibles prioritaires notamment d’Uber Eats. À la place, elle a d’abord misé sur les villes de banlieue délaissées par ses principales rivales. Cette option lui a permis d’éviter une coûteuse compétition pour devenir le numéro un américain du secteur. Profitant des difficultés de ses rivales, en particulier de Grubhub, elle capte désormais environ deux tiers du marché. Suite au rachat de la start-up Wolt, elle est présente dans une trentaine de pays, dont l’Allemagne en Europe. En Bourse, son action est proche de son plus haut niveau historique, touché fin 2021 en pleine euphorie boursière autour des valeurs technologiques.
Pour aller plus loin:
– Clap de fin pour la livraison ultrarapide de courses en France
– Pourquoi l’introduction en Bourse de Deliveroo a tourné au fiasco