Par , publié le 20 mai 2025

Savourant sa revanche judiciaire, Tim Sweeney annonçait déjà le retour de Fortnite sur les iPhone et iPad. Mais l’optimisme du patron d’Epic Games s’est heurté à un imprévu: le refus catégorique d’Apple. Vendredi, l’éditeur a donc de nouveau saisi la justice américaine pour obtenir gain de cause. Il estime que cette décision “constitue une violation claire de l’injonction” prononcée début mai par la juge chargée de l’affaire opposant les deux entreprises depuis cinq ans. Une interprétation contestée par le groupe à la pomme, qui se réfère à un jugement prononcé fin 2020. “Apple ne reviendra pas sur cette décision avant la fin du litige entre les parties aux États-Unis”, explique ainsi son avocat dans un courrier adressé à Epic. Cette stratégie est cependant risquée. Lundi, la juge a donné moins de dix jours à la société pour se mettre en conformité.

Cinq ans – Jeu phénomène, Fortnite n’est plus disponible sur le système iOS depuis août 2020, après l’ajout d’un système de paiement alternatif pour permettre aux utilisateurs d’acheter des V-Bucks, une monnaie virtuelle, pouvant ensuite être dépensée dans des objets cosmétiques. Cette violation délibérée des règles de l’App Store visait à protester contre les commissions de 30% prélevées par Apple. La réponse est alors immédiate: le jeu est retiré du magasin d’applications. Dans la foulée, Epic porte l’affaire devant les tribunaux américains, accusant son adversaire d’abus de position dominante. Saisie en urgence, la juge refuse cependant d’ordonner le retour de Fortnite. En Europe, le jeu a profité de l’entrée en vigueur du Digital Markets Act. Depuis l’an passé, il est ainsi possible de le télécharger depuis des boutiques tierces – dont celle d’Epic.

Représailles – La situation aux États-Unis a changé fin avril. Lassée de l’attitude d’Apple, la juge lui a imposé des changements majeurs, permettant aux développeurs d’applications de rediriger librement leurs utilisateurs vers des sites Internet pour effectuer des achats, sans reverser le moindre centime. Pour Epic, ce verdict signifie que Fortnite doit de nouveau être accepté sur l’App Store. L’éditeur a donc soumis une nouvelle version de son application, utilisant le compte développeurs ouvert par sa filiale suédoise – son compte américain est toujours banni. Après plusieurs jours de silence, le géant de Cupertino a finalement refusé sa demande. “Apple ne peut plus rejeter une application, y compris Fortnite, au motif que son développeur choisit d’inclure un lien d’achat externe”, souligne Epic, qui dénonce ainsi une mesure de représailles.

Stratégie risquée – Apple s’estime dans son bon droit, soulignant que l’interdiction de Fortnite avait été approuvée par la justice. “Le même raisonnement s’applique quelle que soit l’entité liée à Epic qui soumet l’application”, fait valoir son avocat. Ce choix illustre une volonté de vengeance face à une entreprise qui a osé défier ses règles. En Europe, le groupe avait ainsi décidé de bloquer le compte développeur d’Epic seulement deux jours avant l’entrée en vigueur du DMA, pour l’empêcher de lancer sa propre boutique. Il avait cependant dû y renoncer devant les doutes de Bruxelles. Aux États-Unis, cette stratégie jusqu’au-boutiste lui a déjà coûté cher. Relativement épargné lors du procès contre Epic, Apple a tout fait pour ne pas appliquer le verdict, poussant la juge à frapper fort. En poursuivant dans cette direction, il s’expose donc à de nouvelles sanctions.

Pour aller plus loin:
– Comment Tim Sweeney a vaincu Apple et Google
– Comment Epic veut capitaliser sur sa victoire judiciaire contre Apple


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