Par , publié le 10 juin 2025

La séquence de quatre minutes devait probablement être une réponse aux doutes sur les avancées d’Apple dans l’intelligence artificielle générative. Mais elle constitue davantage un aveu d’échec. Pour lancer lundi la keynote d’ouverture de la WWDC, Craig Federighi, le grand patron des logiciels du groupe à la pomme, a cru bon de citer toutes les fonctionnalités d’IA lancées ces derniers mois sur le système iOS. Dans les faits, cette liste a surtout rappelé l’écart abyssal qui sépare encore l’entreprise de Cupertino, qui trouve le temps de mettre en avant des outils au mieux assez classiques au pire complètement accessoires, des autres acteurs du secteur. Quelques améliorations ont bien été dévoilées. Mais la nouvelle version de Siri, au cœur des promesses initiales, a seulement été évoquée en quelques phrases. Et pour cause: son lancement a été reporté.

Maigres nouveautés – En 2024, Apple avait consacré près de la moitié de la keynote de la WWDC, sa conférence annuelle dédiée aux développeurs, à Apple Intelligence, une série de fonctionnalités devant faire entrer ses iPhone dans l’ère de l’IA générative. Cette année, le groupe s’est contenté de maigres nouveautés, comme un outil de traduction instantanée et la possibilité d’effectuer des recherches sur les éléments affichés sur l’écran. L’annonce vedette concernait le lancement, cet automne, d’une nouvelle interface graphique pour ses différents systèmes d’exploitation. Le contraste avec Google est saisissant. Fin mai, lors de sa conférence I/O, le moteur de recherche a en effet multiplié les annonces dans le domaine de l’IA – reléguant même son système Android à un conférence secondaire. Son principal rival n’est d’ailleurs plus Apple, mais OpenAI.

Le nouveau Siri pas avant 2026 ? – Autant dire que la présentation de lundi n’a pas rassuré tous ceux, notamment à Wall Street, qui doutent de la capacité de la société à être véritablement compétitive dans l’IA. Les prochains développements autour de Siri représentent la prochaine échéance majeure. Initialement attendue en avril, la refonte de l’assistant vocal, annoncée en grande pompe il y a un an, n’arrivera pas avant la prochaine version du système iOS, prévue à l’automne avec les nouveaux iPhone. Peut-être même pas avant une mise à jour début 2026, alors que le groupe pourrait décider de repartir d’une feuille blanche. Et les fonctionnalités les plus avancées pourraient ne pas être lancées avant 2027. “Nous avons besoin de davantage de temps pour atteindre notre exigence élevée en matière de qualité”, justifie simplement Craig Federighi.

Deux contraintes – Actant ces problèmes, Tim Cook a procédé fin mars à une réorganisation interne, retirant le développement de Siri à John Giannandrea, le responsable de l’IA. Celui-ci a été confié à Mike Rockwell, un ingénieur hardware qui a la réputation de pouvoir mener des projets complexes. À lui de trouver des solutions pour surmonter les deux contraintes que s’est imposées Apple. D’une part, le choix de développer ses propres modèles de langage, au lieu de se reposer sur des modèles existants, comme le font les autres marques de smartphones. D’autre part, la volonté de faire tourner le nouveau Siri en local, c’est-à-dire en utilisant le processeur de l’iPhone sans aller chercher du calcul supplémentaire dans le cloud. Pour le moment cependant, les difficultés d’Apple constituent davantage un désaveu d’image qu’un véritable problème commercial.

Pour aller plus loin:
– Comment Apple a raté le virage de l’intelligence artificielle générative
– OpenAI rachète la start-up du designer de l’iPhone pour remplacer les smartphones


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