Par , publié le 3 juillet 2025

Un an et demi après l’échec de son rachat par Adobe, Figma tient son exit. Mercredi, la plateforme collaborative de design a déclenché la dernière étape de son processus d’introduction en Bourse. L’opération est attendue au cours des prochaines semaines, sur la base d’une capitalisation qui pourrait ne pas être si éloignée des 20 milliards de dollars que prévoyait de dépenser l’éditeur du logiciel Photoshop – l’an passé, lors de sa dernière levée de fonds, elle a été valorisée à 12,5 milliards. Pour séduire les investisseurs de Wall Street, la start-up pourra mettre en avant la croissance de son chiffre d’affaires, qui a progressé de 48% l’an passé, à 748 millions de dollars, ou encore sa rentabilité. Elle insistera aussi sur ses 13 millions d’utilisateurs mensuels et ses 450.000 entreprises clientes – dont 95% des 500 plus grands groupes américains.

Offre élargie – Fondée en 2012, mais officiellement lancée quatre ans plus tard, Figma propose des solutions de design et prototypage d’applications mobiles ou de sites Internet. Son ambition: couvrir l’ensemble du processus permettant d’aller “d’une idée à un produit”, explique Yuhki Yamashita, son directeur produit. Depuis deux ans, la société a multiplié le lancement de nouvelles fonctionnalités pour toucher un public plus large. Elle offre désormais des outils pour les développeurs, les responsables marketing ou les chefs de produit. Les designers, sa cible initiale, ne représentent qu’un tiers des utilisateurs. Face aux logiciels historiques, Figma a bâti son succès sur deux ruptures: sa plateforme est accessible depuis un navigateur, sur n’importe quel terminal, et elle a été pensée pour faciliter la collaboration en temps réel entre équipes.

Rachat avorté – À l’automne 2022, Figma avait accepté une offre de rachat d’Adobe, qui dispose d’une solution concurrente mais bien moins populaire. Le géant américain propose alors un montant record pour un éditeur de logiciels non coté en Bourse. Mais le projet suscite rapidement des inquiétudes chez les autorités de la concurrence européennes et britanniques. Elles redoutent qu’Adobe ne se retrouve en situation dominante sur les logiciels de design, lui permettant d’augmenter les prix. Elles craignent aussi la disparition d’un rival potentiel sur d’autres segments du marché. Fin 2023, la situation est dans l’impasse, alors que CMA britannique réclame des cessions d’actifs. Adobe préfère jeter l’éponge. Et verser des indemnités de rupture d’un milliard de dollars à Figma. “Cet échec n’a rien changé à notre feuille de route”, assure Yuhki Yamashita.

Pour aller plus loin:
– Comment la CMA est devenue la nouvelle bête noire des géants de la tech
– Refusant d’accepter des concessions, Adobe abandonne le rachat de Figma


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