Par , publié le 3 juillet 2025

Dans sa bataille contre OpenAI, Elon Musk ne manque pas de financements. Lundi, la banque d’affaires Morgan Stanley a confirmé que xAI, la start-up d’IA qu’il a lancée il y a deux ans, avait récolté dix milliards de dollars supplémentaires, dont la moitié en dettes. Cette somme, qui s’ajoute aux douze milliards déjà levés en 2024, peut sembler colossale. En réalité, elle pourrait être engloutie en moins d’un an. Car le milliardaire dépense sans compter. Il s’est notamment fixé pour objectif de bâtir le supercalculateur le plus puissant du monde pour entraîner et faire tourner ses modèles d’intelligence artificielle générative. En 2025, les dépenses d’investissement de xAI devraient se chiffrer à dix milliards de dollars, selon des documents obtenus par Bloomberg. Les flux de trésoreries devraient, eux, afficher un déficit supérieur à 13 milliards.

Infrastructure – Cette situation financière n’est pas un cas isolé. L’an passé, OpenAI a perdu environ cinq milliards de dollars. Le concepteur de ChatGPT devrait afficher un trou encore plus important en 2025. Et les autres start-up du secteur ne sont pas rentables. Face à ces dépenses, les levées de fonds s’enchaînent donc à un rythme effréné. Mais xAI se démarque à deux égards. D’abord, Elon Musk a choisi dès le départ de bâtir sa propre infrastructure informatique, plutôt que de s’appuyer sur des plateformes de cloud. Sur le long terme, ce choix pourrait se révéler judicieux. En attendant, il se traduit par d’importants investissements que ses rivaux n’ont pas à réaliser. D’autre part, la société peine encore à monétiser ses modèles, contrairement à OpenAI et Anthropic, qui enregistrent une accélération marquée de leur chiffre d’affaires.

Faibles recettes – Fin 2024, xAI revendiquait des revenus annuels récurrents de 100 millions de dollars, un chiffre qui correspondait probablement à un pourcentage des abonnements payants de X. Selon Bloomberg, la start-up table sur des recettes de 500 millions de dollars en 2025. Puis de deux milliards en 2026. À titre de comparaison, le chiffre d’affaires annualisé d’OpenAI a dépassé la barre des dix milliards. Celui d’Anthropic a franchi le cap des quatre milliards. Au-delà de son intégration sur X, l’ex-Twitter, son chatbot Grok ne suscite pas un grand nombre d’abonnements – notamment en raison de tarifs plus élevés que la concurrence. En outre, ses API (interface de programmation permettant aux développeurs d’intégrer une IA dans leurs applications) peinent à séduire. Elles viennent cependant juste d’être intégrées à la plateforme de cloud Azure de Microsoft.

Réécrire l’histoire – Sur ce marché, xAI est très certainement pénalisé par la mauvaise image d’Elon Musk. Car les ambitions du milliardaire dans l’intelligence artificielle ne sont pas seulement commerciales. Elles sont aussi politiques face à des rivaux qu’il juge trop “woke” – un terme péjoratif pour désigner ceux qui luttent contre les discriminations. En clair, son IA générative doit être, comme il veut le faire depuis le rachat de Twitter, le garant d’une liberté d’expression qu’il estime menacée. Mécontent de certains résultats, influencés selon lui par des “données d’entraînement incorrectes” issues des médias, il promet ainsi que Grok, dont la quatrième version doit être lancée ces prochains jours, va “réécrire l’ensemble du corpus des connaissances humaines”. Le chatbot suscite déjà régulièrement la polémique en répétant de fausses informations.

Pour aller plus loin:
– Pour contrarier Sam Altman, Elon Musk propose de racheter (en partie) OpenAI
– Elon Musk revend X à xAI, sa start-up d’IA


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