Sam Altman n’est pas le premier à alerter sur les risques d’une bulle autour de l’intelligence artificielle générative. Mais ses déclarations ont forcément plus de poids. Mi-août, lors d’une rencontre avec des journalistes américains, le patron d’OpenAI a reconnu que “les investisseurs sont trop enthousiastes sur l’IA”, comparant la situation avec la bulle des valeurs Internet de 2000. Et de trouver “insensé” que des start-up avec “trois personnes et une idée” puissent lever des dizaines ou des centaines de millions de dollars, sur la base de valorisation dépassant parfois la barre symbolique du milliard. “Ce n’est pas un comportement rationnel”, estime-t-il. Pourtant, Sam Altman prévoit toujours de dépenser des milliers de milliards de dollars pour atteindre l’IA générale, égalant les capacités humaines, puis une superintelligence, qui les surpasserait.
95% d’échec – Les déclarations du patron d’OpenAI coïncident avec la publication d’une étude menée par le MIT. Très commentée, celle-ci affirme que 95% des programmes pilotes mis en place dans les entreprises s’avèrent infructueux. À la place, les employés préfèrent utiliser ChatGPT, souvent avec leurs comptes personnels, pour des tâches “simples”, mais pas pour les tâches “critiques”, explique l’étude. Certes, certains cas d’usage ont fait leurs preuves, notamment dans le service client. Mais beaucoup de projets d’intégration de l’IA dans les flux de travail ne dépassent pas le stade de POC (preuve de concept). Dans ce contexte, les acteurs du secteur parient désormais sur les agents d’IA, capables d’automatiser certaines tâches complexes sans intervention humaine. Et donc de procurer des gains de productivité plus importants pour les entreprises.
100 milliards de dollars – Malgré tout, les start-up d’IA générative continuent d’attirer les investisseurs. Au premier semestre, elles ont levé plus de 100 milliards de dollars dans le monde, selon les décomptes du cabinet Crunchbase. C’est deux fois plus que l’an passé. Une grande partie de cette somme provient des grands noms du secteur. Mais l’euphorie autour de l’IA profite aussi à de nombreuses start-up, qui récoltent des sommes importantes quelques semaines seulement après leur lancement. Le plus souvent uniquement sur une idée ou sur le CV de leurs fondateurs, et donc sans encore générer le moindre chiffre d’affaires. C’est le cas notamment de Thinking Machines et de Safe Superintelligence, lancées par Mira Murati et Ilya Sutskever, deux anciens responsables vedettes d’OpenAI, qui ont respectivement levé deux et trois milliards de dollars.
Concentration – La réalité du marché pourrait bientôt rattraper de nombreux spécialistes du secteur. Plusieurs start-up éprouvent déjà des difficultés financières, les obligeant à accepter des rachats déguisés par des géants de la tech ou à revoir leurs ambitions à la baisse. Et peu d’entreprises peuvent désormais assumer les coûts d’entraînement de nouveaux modèles capables de rivaliser avec ceux développés par OpenAI, Google ou Anthropic. Même Meta et Apple réfléchissent à abandonner. Le marché se concentre ainsi de plus en plus autour de quelques géants, qui ne cessent d’accroître leurs champs d’action au détriment de services répondant à des besoins précis. Exemple: à eux seuls, OpenAI et Anthropic captent près de 90% des recettes réalisées par les dix-huit plus grandes start-up spécialisées dans l’IA, selon les chiffres collectés par The Information.
Pour aller plus loin:
– OpenAI va lever jusqu’à 40 milliards de dollars, un record
– Avec le projet Stargate, OpenAI veut investir 500 milliards de dollars dans l’IA

