Par , publié le 7 octobre 2025

C’est le dernier épisode en date du gigantesque meccano capitalistique à l’œuvre dans le secteur de l’intelligence artificielle générative. Lundi, OpenAI et AMD ont officialisé un “partenariat stratégique” inédit: en échange de l’achat de cartes graphiques destinées à l’entraînement et à l’exécution de ses modèles, le concepteur de ChatGPT va récupérer jusqu’à 10% du capital du fabricant de puces, qui ambitionne de rivaliser avec Nvidia, le leader incontesté du marché.

Ce rapprochement illustre une nouvelle phase d’alliances capitalistiques entre les acteurs de l’IA, où l’argent circule d’une entreprise à l’autre, avant de faire le chemin inverse sous une autre forme. Il y a à peine deux semaines, OpenAI a déjà conclu un “partenariat stratégique” similaire, s’engageant cette fois-ci à acquérir des GPU auprès de Nvidia en échange d’un investissement pouvant aller jusqu’à 100 milliards de dollars, destiné à financer ses ambitions colossales.

Tremplin commercial

Concrètement, OpenAI va acheter des GPU d’IA conçus par AMD. Une première tranche, équivalente à un gigawatt de puissance, sera livrée au premier semestre 2026. Cinq gigawatts additionnels seront fournis au fil des années suivantes. La start-up dirigée par Sam Altman montera petit à petit au capital, à mesure de ses commandes et de l’évolution du cours boursier de son partenaire. À terme, sa participation se chiffrera en dizaines de milliards de dollars.

Cet accord est primordial pour AMD. Historiquement spécialisé dans les CPU, le groupe dirigé par Lisa Su cherche à s’imposer sur le marché des GPU, encore largement dominé par Nvidia. S’il a déjà signé des contrats avec Microsoft et Meta, le soutien d’OpenAI doit représenter un tremplin commercial pour ses prochaines puces MI450. Symbole de cette réalité, AMD a accepté de céder une partie de son capital, quand son rival a, lui, obtenu une participation dans OpenAI.

Crédits cloud

Dans la première phase de développement de l’IA générative, les start-up du secteur ont noué des accords capitalistiques avec les géants du cloud. Microsoft est ainsi devenu le premier actionnaire d’OpenAI, lui apportant environ 13 milliards de dollars. De leur côté, Amazon et Google ont injecté plusieurs milliards dans Anthropic, le principal rival du concepteur de ChatGPT. En deux ans, les trois entreprises ont ainsi réalisé une cinquantaine d’investissements.

Si une partie de ces fonds a été apportée en liquidités, l’essentiel a pris la forme de crédits cloud étalés sur plusieurs années. Ceux-ci permettent aux start-up d’utiliser “gratuitement” l’infrastructure informatique de Microsoft Azure, AWS et Google Cloud, pour entraîner leurs modèles d’IA ou faire fonctionner leurs applications. Ces accords répondaient au besoin de l’époque: accéder massivement et rapidement à de la puissance de calcul dans le cloud.

Nvidia, nouvel argentier de l’IA

La deuxième phase est centrée autour d’une autre priorité: l’accès aux GPU, et plus particulièrement à ceux de Nvidia. Le géant de Santa Clara, devenu première capitalisation boursière mondiale, multiplie les investissements. Dans le cloud, il est par exemple entré dans le capital de la plateforme CoreWeave, à qui il garantit un accès prioritaire à ses puces. Il vient aussi d’injecter cinq milliards de dollars dans Intel, auquel il fournira des GPU destinés à être couplés avec ses processeurs PC.

Toutes ces opérations visent à stimuler encore davantage la demande pour ses GPU, alors même que grandissent les craintes d’une bulle autour de l’IA générative. À long terme, Nvidia sait aussi qu’il récupérera probablement sa mise de départ, seulement grâce aux ventes de ses puces. Exemple avec OpenAI: pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’investissement de 100 milliards de dollars, la start-up devra acheter pour environ 350 milliards de GPU.

Pour aller plus loin:
– Nvidia va investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans OpenAI
– Sam Altman évoque le risque d’une bulle de l’intelligence artificielle


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