Accessible uniquement sur invitation, mais déjà numéro un sur l’App Store. Une semaine après son lancement par OpenAI, l’application Sora suscite toujours un fort intérêt aux États-Unis et au Canada, les seuls pays où elle est pour l’instant disponible. Au point de pousser le concepteur de ChatGPT à accélérer sa monétisation. “Nous allons devoir trouver un moyen de générer des revenus”, reconnaît Sam Altman, dans un message publié ce week-end sur son blog.
Et pour cause: le succès de ce réseau social, qui permet de créer et de partager de courtes vidéos grâce à l’intelligence artificielle générative, engendre des coûts importants pour OpenAI, sans générer encore la moindre recette. “Les gens créent bien plus de vidéos que prévu ”, assure son patron, qui explique que des tests seront menés “très prochainement” pour trouver le bon modèle de monétisation.
Double objectif
Sora tire son nom du modèle maison de génération de vidéos, dont la deuxième version, encore plus impressionnante, a été lancée en parallèle. L’application ressemble à TikTok, avec un fil algorithmique de clips verticaux d’une durée maximale de dix secondes. Mais à la différence près que tous les contenus sont générés par l’IA. L’une des fonctionnalités les plus populaires permet d’utiliser son visage et sa voix, ou ceux de ses amis, pour se mettre en scène dans des vidéos.
Le lancement de Sora répond à un double objectif. À court terme, la plateforme vise à capter une audience supplémentaire, plutôt que de voir les clips réalisés avec le modèle Sora 2 s’échanger sur d’autres réseaux sociaux – comme après le lancement du générateur d’image 4o. À plus long terme, elle doit aussi représenter un nouveau relais de croissance du chiffre d’affaires, notamment par l’ajout de publicités.
“Bien-être des utilisateurs”
Le problème, selon Sam Altman, vient de l’usage de la plateforme. Comme toute IA, Sora 2 entraîne d’importants coûts d’inférence, liés à la puissance de calcul nécessaire pour générer une vidéo. Sur ChatGPT, l’utilisation du modèle est ainsi restreinte pour les utilisateurs gratuits, et seuls les abonnés à 200 dollars par mois bénéficient d’un usage illimité. L’application Sora est, elle, entièrement gratuite. Seule contrainte: un plafond de 30 vidéos par jour.
La semaine dernière, OpenAI avait déjà évoqué une éventuelle monétisation de Sora. La start-up promettait alors que celle-ci n’irait pas “à l’encontre du bien-être des utilisateurs”, évoquant simplement une option payante pour pouvoir créer davantage de clips. Le potentiel publicitaire pourrait toutefois être bien plus important, avec en ligne de mire le gigantesque marché actuellement partagé entre TikTok et Instagram.
Volte-face sur les droits d’auteur
Dans son message, Sam Altman promet également la mise en place d’un système de partage des recettes publicitaires. Non pas avec les créateurs de contenus, comme s’est le cas sur TikTok ou YouTube, mais avec les détenteurs de licences. En échange de ces potentielles retombées financières, ces derniers devront accepter que leurs personnages puissent être utilisés dans les vidéos générées par Sora.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une spectaculaire volte-face sur les droits d’auteur, longtemps ignorés par OpenAI. La start-up passe à un modèle d’opt-in: les ayants droit doivent donner leur accord en amont, plutôt que de s’y opposer après coup. L’application interdit désormais la création de vidéos à partir de certaines œuvres protégées. Une manière d’éviter d’éventuelles poursuites judiciaires, à l’image de celles engagées contre Midjourney par Disney, Universal ou Warner Bros.
Pour aller plus loin:
– Publicité, e-commerce… Comment OpenAI veut accélérer sa monétisation
– Au procès de Stability AI, l’IA générative sur le banc des accusés

