Seize ans après les premiers kilomètres parcourus sur les routes californiennes, les “Google Car” vont (enfin) traverser l’Atlantique. Mercredi, Waymo a officialisé le lancement de son service de robots-taxis à Londres, potentiellement dès l’année prochaine. La filiale du moteur de recherche n’est pas la seule à vouloir envahir les rues européennes: Uber et Baidu promettent aussi de mener des tests l’an prochain au Royaume-Uni et en Allemagne – mais pas encore en France.
Au départ, les véhicules de Waymo ne rouleront pas de manière autonome. Leur mission sera simplement de cartographier les rues de la capitale britannique et de s’adapter à la conduite à gauche dans un trafic urbain extrêmement dense. Dans un second temps, l’opérateur ne sera présent à bord que pour reprendre le contrôle si nécessaire. Puis, des passagers pourront être transportés. Un véritable service de robots-taxis ne pourra légalement pas être lancé avant 2027.
250.000 trajets par semaine
Née en 2009 comme un moonshot au sein du laboratoire Google X, Waymo est considérée comme l’acteur le plus avancé dans la conduite autonome. Après de longues années d’expérimentation et plusieurs dizaines de milliards de dollars investis, la société est entrée dans une nouvelle étape de son développement commercial. Ses voitures transportent déjà des clients dans cinq métropoles américaines, dont San Francisco et Los Angeles, où elle ne cesse d’augmenter sa zone de couverture.
Malgré des tarifs parfois plus élevés qu’un VTC classique, la plateforme connaît une croissance très rapide. Aux États-Unis, ses voitures effectuent désormais plus de 250.000 trajets payants par semaine. L’entreprise prévoit de se lancer dans au moins cinq nouvelles villes l’an prochain. Cet été, elle a également décroché un permis pour réaliser de premiers tests dans certains quartiers de New York. Et en avril, elle a commencé à cartographier les rues de Tokyo.
440 incidents en six mois
Pour déployer ses robots-taxis, Waymo adopte différentes stratégies. Dans certaines villes, elle opère directement le service, via son application Waymo One. Dans d’autres, elle s’est associée à Uber ou à Lyft, permettant aux clients des deux plateformes de VTC de circuler à bord de ses voitures. À Tokyo, elle a scellé une alliance avec Nihon Kotsu, premier opérateur de taxis de la ville. À Londres, elle collaborera avec la start-up Moove, chargée de la maintenance de sa flotte.
Waymo se heurte parfois à la réglementation, qui l’oblige à obtenir des permis ou à accumuler des milliers de kilomètres d’essais. Pour rassurer, la société avance des arguments de sécurité. Selon ses données, ses voitures ont été impliquées dans 440 incidents au premier semestre, le plus souvent sans en être responsables. Rapportées à la distance parcourue, elles enregistrent cinq fois moins d’accidents corporels et douze fois moins d’accidents impliquant des piétons que les humains.
Réglementation contraignante en Europe
En Europe, les tests de conduite autonome restent encore très limités. Le rythme devrait s’accélérer l’an prochain. Outre Waymo, Uber prévoit de mener des essais à Londres, avec la start-up britannique Wayve, ainsi qu’à Munich, en partenariat avec la société chinoise Momenta. De son côté, le géant chinois Baidu s’est associé avec Lyft, qui vient de racheter le service de VTC européen FreeNow, pour faire rouler des voitures autonomes au Royaume-Uni et en Allemagne.
Le choix de ces deux pays n’est pas un hasard. Sorti de l’Union européenne, le Royaume-Uni a déjà adopté un cadre réglementaire pour autoriser les tests en 2026, puis le déploiement commercial de robots-taxis en 2027. Au sein des Vingt-Sept, la législation est, en revanche, beaucoup plus contraignante: elle impose la présence d’un conducteur et limite les manœuvres autorisées. Mais l’Allemagne vient, elle, d’assouplir ses règles pour ouvrir la voie à la conduite autonome.
Pour aller plus loin:
– Tesla présente le Cybercab, son projet de robot-taxi… sans lever les doutes
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome

