Par , publié le 20 juin 2024

Les États-Unis ne veulent pas relâcher la pression sur la Chine. À moins de cinq mois des prochaines élections, l’administration Biden travaille ainsi sur de nouvelles restrictions d’exportation visant l’industrie chinoise des semi-conducteurs, rapporte l’agence Bloomberg. Celles-ci concerneront deux nouveaux domaines. D’abord, les puces mémoires à large bande passante (HBM), désormais indispensables pour entraîner et faire tourner les grands modèles d’intelligence artificielle générative. Ensuite, la nouvelle architecture de transistors, appelée GAA, qui doit permettre de graver les futurs composants les plus avancés, en deux nanomètres et moins. Objectif: empêcher le pays de maîtriser ces deux technologies qui pourraient, selon les arguments avancés par Washington, servir les intérêts militaires chinois.

Puces d’IA – En octobre 2022, les États-Unis ont mis en place des restrictions pour limiter l’exportation vers la Chine des puces les plus avancées, comme les cartes graphiques de Nvidia dédiées à l’IA. L’an passé, le gouvernement américain a renforcé ces sanctions pour abaisser les critères de puissance, refermant ainsi une brèche dans laquelle s’était engouffré le groupe de Santa Clara. Et il a sanctionné une quarantaine de pays alliés de Pékin, susceptibles de servir d’intermédiaires. Washington a aussi multiplié les efforts diplomatiques pour convaincre les Pays-Bas et le Japon de s’aligner. Avec succès: des restrictions ont été imposées au néerlandais ASML, premier fabricant mondial de machines de lithographie, et au japonais Tokyo Electron, qui conçoit des machines essentielles en amont et en aval du processus de gravure.

Nouvelles puces – Depuis deux ans, la Chine redouble d’efforts pour soutenir son industrie des semi-conducteurs. En mai, elle a annoncé un plan d’investissements, le troisième en dix ans, d’un montant de 344 milliards de yuans (44 milliards d’euros). Celui-ci vise notamment à concevoir des équipements, qui devront prendre le relais du parc actuel, acheté avant l’entrée en vigueur des restrictions et qui ne permet pas de réaliser les gravures les plus fines. En attendant, le pays reste dépendant des machines étrangères. Les États-Unis souhaitent s’assurer que la transition à venir vers l’architecture GAA ne sera pas mise à profit par les groupes chinois. La vente de logiciels de conception pour les puces GAA a déjà été interdite. Les nouvelles règles devraient aussi bloquer l’exportation de machines permettant de les produire.

Mémoires HBM – Avec l’essor de l’IA générative, les mémoires HBM sont devenues un nouvel enjeu. Elles sont en effet couplées aux cartes graphiques utilisées pour entraîner ou faire tourner des modèles. Trois acteurs dominent ce marché: le sud-coréen SK Hynix, le plus avancé, son compatriote Samsung et l’américain Micron. Washington pourrait mettre en place des restrictions d’exportations, qui s’appliqueront aussi aux deux groupes asiatiques car ils utilisent des technologies américaines. Problème: plusieurs sociétés chinoises développent aussi des mémoires HBM, dont Yangtze Memory, placé, comme Huawei, sur une liste noire par les États-Unis. Pour être véritablement efficace, l’administration américaine doit convaincre La Haye et Tokyo d’élargir leurs restrictions. Une demande qui n’a, pour l’instant, pas été acceptée, explique Bloomberg.

Pour aller plus loin:
– Les États-Unis interdisent à Nvidia d’exporter ses puces d’IA vers la Chine
– La Chine lance un nouveau plan d’investissements dans les puces


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