Par , publié le 1 juillet 2024

Face aux relations très étroites entre OpenAI et Microsoft, Bruxelles change son angle d’approche. Après avoir examiné leur alliance capitalistique, classant finalement le dossier, la Commission européenne se penche désormais sur leur partenariat commercial, pourtant conclu il y a plusieurs années. Un partenariat qui octroie au géant de Redmond la distribution exclusive dans le cloud des modèles d’intelligence artificielle générative développés par le concepteur de ChatGPT. “Nous souhaitons comprendre si certaines clauses d’exclusivité pourraient avoir un effet négatif sur les concurrents”, explique Margrethe Vestager, la commissaire à la concurrence. Ses services vont ainsi commencer à interroger différents acteurs du marché, une première étape vers une potentielle procédure antitrust… qui prendra des années à se concrétiser.

Exclusivité – L’alliance entre Microsoft et OpenAI remonte à 2019. À l’époque, le laboratoire d’IA, lancé comme une organisation à but non lucratif, cherche des fonds pour financer ses travaux. L’éditeur de Windows souhaite, lui, combler le retard pris dans le domaine sur Google. Il injecte alors un milliard de dollars, en liquidités et en crédits cloud, permettant à la start-up d’entraîner gratuitement ses modèles. En janvier 2023, quelques mois après le lancement spectaculaire de ChatGPT, il signe un nouveau chèque, de plus de dix milliards. En échange, Microsoft contrôle désormais 49% du capital d’OpenAI. Et possède aussi un accord d’exclusivité: sa plateforme de cloud Azure est la seule à proposer les modèles d’OpenAI à ses clients. Un avantage de taille sur Amazon, Google et tous les petits acteurs du secteur.

90 partenariats – Les rapprochements se sont multipliés depuis un an et demi. Dans un rapport publié en avril, le gendarme britannique de la concurrence a recensé 90 partenariats et investissements stratégiques entre des start-up et Microsoft, Google, Amazon ou encore Nvidia. Pour une raison très simple: concevoir des modèles d’IA générative réclame une immense puissance de calcul et donc des ressources financières élevées. Ces grands groupes disposent, eux, à la fois de serveurs et de liquidités abondantes. Au-delà de son montant hors-norme, l’association entre Microsoft et OpenAI diffère cependant des autres, qui ne sont généralement pas accompagnés d’une distribution exclusive. C’est le cas, par exemple, d’Anthropic, l’un des principaux rivaux d’OpenAI, qui a fait entrer Amazon et Google dans son capital.

Acquisitions déguisées – Margrethe Vestager promet également de se montrer très attentive aux acquisitions déguisées de start-up d’IA générative. Dans ce domaine, Microsoft a ouvert la voie en débauchant les équipes d’Inflection AI, dont son patron Mustafa Suleyman, l’un des fondateurs de DeepMind, le réputé laboratoire de Google. En échange, le groupe a signé un accord de licence d’un montant de 650 millions de dollars. La semaine dernière, Amazon a adopté exactement la même stratégie avec Adept AI. Ces deux opérations s’apparentent à des “aqui-hire”, des acquisitions dont le seul objectif est de recruter des équipes d’ingénieurs et de chercheurs. Les montages financiers mis en place doivent, eux, permettre de contourner un potentiel veto des autorités de la concurrence, qui auraient pu bloquer le rachat de ses deux start-up.

Pour aller plus loin:
– Entre OpenAI et Microsoft, les relations ne sont plus au beau fixe
– En s’associant à Mistral AI, Microsoft renforce sa position de force dans l’IA


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