Par , publié le 3 juin 2020

Jamais Mark Zuckerberg n’avait dû affronter une telle contestation interne: depuis plusieurs jours, des employés de Facebook remettent en cause publiquement son choix de ne pas modérer des messages postés par Donald Trump suite aux manifestations contre les violences policières aux Etats-Unis. En particulier un message “glorifiant la violence”, selon Twitter, qui a décidé, lui, de prendre des mesures pour limiter sa diffusion. L’argument du réseau social est toujours le même: il ne souhaite pas entraver la liberté d’expression. Et doit permettre à chacun de se faire sa propre opinion sur les déclarations du président américain.

Ce qui a changé – Facebook est habitué aux critiques sur sa politique de modération ou sur sa gestion des fausses informations. L’entreprise tente parfois d’y répondre, souvent maladroitement d’ailleurs. En interne aussi, des salariés ont déjà exprimé leur mécontentement face à des pratiques qu’ils jugent trop laxistes. Mais rarement, ces contestations n’avaient dépassé les frontières des forums de discussion internes (il faut dire que le réseau social dispose de règles très strictes qui interdisent à ses employés de s’exprimer publiquement). Et jamais elles ne s’étaient affichées sur Twitter, le rival historique.

Comment Facebook réagit – Mardi, lors d’une conférence téléphonique avec les employés, Mark Zuckerberg s’est dit prêt à discuter de la politique de modération, alors que plusieurs ingénieurs ont présenté leur démission et que d’autres salariés menacent de suivre. L’équation est délicate pour Facebook, qui, comme les autres sociétés de la Silicon Valley, cherche à attirer et à conserver les meilleurs talents. Dans un communiqué, l’entreprise assure “encourager ses employés à s’exprimer librement lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec la direction”. Cela est vrai en interne. Mais aussi publiquement ?

Ne pas froisser les conservateurs – En même temps, Facebook cherche à ne pas apparaître comme une plateforme muselant les voix conservatrices, à commencer par celle de Donald Trump. C’est pour cela que le réseau rechigne souvent à modérer ses membres les plus extrémistes ou les théories complotistes. C’est pour cela aussi qu’il a donné un rôle de plus en plus important au conservateur Joel Kaplan, son vice-président chargé de la politique publique. Ou encore pour cela que Mark Zuckerberg est allé défendre sa position sur la chaîne Fox News.

Le précédent Google – Ces dernières années, l’activisme des salariés de la tech américaine s’est fortement accentué. En 2018, Google avait notamment face à une révolte d’une partie de ses employés. L’objet de leur colère: un contrat avec le Pentagone pour utiliser des logiciels d’intelligence artificielle afin d’améliorer l’analyse des images filmées par les drones de l’armée américaine. Après des semaines de polémique, le moteur de recherche avait finalement fait marche arrière. Depuis, il licencie régulièrement des employés contestataires…

 


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