Par , publié le 3 septembre 2020

L’Inde accentue ses représailles contre les entreprises chinoises. En plein conflit frontalier entre les deux pays, le gouvernement a annoncé mercredi le blocage de 118 applications mobiles supplémentaires. Parmi elles: Alipay, Baidu et la version mobile du jeu vidéo à succès PUBG. Ces services sont accusés de menacer “la sécurité et la souveraineté du cyberespace indien”, notamment en collectant et en transférant hors du pays les données personnelles de leurs utilisateurs. Une centaine d’applications, dont TikTok et WeChat, avaient déjà été interdites cet été .

Opinion publique hostile – Selon New Delhi, ces bannissements ne sont pas motivés par le contexte géopolitique. Mais pour Nikhil Pahwa, journaliste et activiste indien, il s’agit bien de “décisions politiques pour envoyer un message à la Chine”. Le gouvernement, qui a la possibilité de bloquer des applications ou des sites Internet sans avoir à l’annoncer publiquement, surfe sur le sentiment hostile de l’opinion publique, symbolisé par des campagnes de boycott des produits chinois. Pour les 224 applications touchées, cela signifie que cette interdiction pourrait bien s’éterniser.

Des places à prendre – Ces décisions sont aussi plébiscitées par le milieu des affaires indien, qui s’inquiète de l’appétit grandissant des géants chinois du numérique. Deuxième pays le plus peuplé au monde, l’Inde est devenu l’an passé le deuxième marché mondial pour les ventes de smartphones, derrière la Chine mais devant les Etats-Unis. L’absence des applications chinoises les plus populaires laisse le champ libre à leurs rivales indiennes ou peut faire émerger de nouvelles alternatives. Après l’interdiction de TikTok, plusieurs sociétés ont ainsi lancé des plates-formes similaires, se classant régulièrement parmi les applications les plus téléchargées dans le pays.

Et maintenant la 5G ? – Malgré les tensions avec la Chine, le ministère indien des technologies de l’information ne s’est pas encore attaqué aux fabricants chinois de smartphones, comme Xiaomi, Oppo et Vivo, qui s’accaparent environ deux tiers du marché en Inde. Mais leurs ventes pourraient quand même être pénalisées par la montée du sentiment anti-chinois. La prochaine victime des autorités indiennes pourrait être Huawei. Selon le Times of India, le gouvernement songerait en effet à lui interdire l’accès au déploiement du futur réseau 5G. En décembre, il avait pourtant ouvert la porte à l’industriel chinois, déjà banni aux Etats-Unis et menacé dans plusieurs pays européens.


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