Par , publié le 7 septembre 2020

“Une décision politiquement corrompue”. Dans un message publié vendredi, Amazon s’en est violemment pris à la décision du Pentagone de confirmer l’attribution d’un important contrat à Microsoft. Et promis de continuer à se battre en justice pour obtenir gain de cause. Le géant du commerce en ligne estime en effet que son offre était la meilleure pour héberger dans le cloud une partie des données du ministère américain de la défense. Mais qu’elle n’a pas été retenue en raison de ses mauvaises relations avec Donald Trump. Selon l’entreprise, le Pentagone a ainsi “agi pour satisfaire le président, plutôt que de faire ce qui était juste”.

Amazon était favori – Connu sous l’acronyme Jedi, ce contrat se chiffre à dix milliards de dollars (8,5 milliards d’euros) sur dix ans. Au terme d’une longue procédure, marquée par de multiples recours, il avait finalement été accordé, en octobre 2019, à Microsoft. Un choix surprenant tant Amazon Web Services, la filiale cloud d’Amazon, semblait partir avec une belle longueur d’avance. Pionnière du marché, elle avait déjà décroché des contrats importants avec des agences fédérales américaines, en particulier avec la CIA. Et elle était alors la seule à disposer des autorisations nécessaires pour héberger des données sensibles du gouvernement.

Recours judiciaire – Pour Amazon, sa défaite ne peut donc s’expliquer que par une intervention de Donald Trump, qui considère son patron, Jeff Bezos, propriétaire également du Washington Post, comme “un ennemi politique”. Depuis son élection, le locataire de la Maison blanche attaque régulièrement la société, qu’il accuse par exemple de ruiner la poste américaine ou de ne pas payer suffisamment d’impôts. En novembre 2019, AWS a donc déposé un recours devant justice, qui a débouché sur un réexamen des candidatures en raison d’erreurs de calcul. Vendredi, le Pentagone a cependant estimé que la proposition de Microsoft restait la meilleure.

Porte d’entrée – Pour Amazon, ce contrat n’est pas seulement important pour le montant qu’il représente. Il l’est aussi parce qu’il constitue une porte d’entrée vers d’autres marchés. Les armés américaines entament à peine leur transition vers le cloud, une étape qu’elles considèrent comme primordiale pour la guerre du futur. Elles souhaitent notamment tirer partie des progrès de l’intelligence artificielle pour fournir des informations en temps réel aux soldats. Le vainqueur du contrat Jedi pourrait être avantagé car le Pentagone pourrait privilégier un prestataire unique. A terme, estime le cabinet Gartner, le ministère pourrait dépenser jusqu’à dix milliards de dollars par an pour son cloud.


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