Par , publié le 14 septembre 2020

Snowflake, Unity ou encore Sumo Logic… Le bal des introductions en Bourse (IPO) va s’accélérer cette semaine à Wall Street. Les prochains semaines s’annoncent particulièrement chargées pour les sociétés technologiques, après plusieurs mois d’arrêt en raison de la crise du coronavirus. Si la majorité de ces sociétés ont choisi de rejoindre les marchés par la voie traditionnelle, un nombre croissant d’acteurs optent pour des solutions alternatives. Trop chères, trop lentes, trop fermées, trop opaques, les IPO sont en effet de plus en plus critiquées.

8 milliards de perdus – Le fer de lance de cette croisade s’appelle Bill Gurley, du fonds de capital-risque Benchmark et l’un des investisseurs les plus réputés de la Silicon Valley. Dans son viseur: le “pop”, la hausse de l’action lors de son premier jour de cotation. Selon lui, les marchés ont convaincu tout le monde que ce gain devait être le plus élevé possible. Il pense exactement le contraire: en fixant un prix d’introduction sous-évalué, les entreprises ne récupèrent pas autant d’argent qu’elles le pourraient. Au premier semestre 2020, ce manque à gagner se chiffrerait à près de 8 milliards de dollars. Dans cette histoire, les véritables gagnants sont les quelques investisseurs privilégiés qui ont pu acheter les titres au rabais.

Le pari raté de Google – Les critiques contre les IPO traditionnelles ne sont pas nouvelles. En 2004, Google avait déjà tenté de faire bouger les lignes. Pour fixer son prix d’introduction, et éviter qu’il ne reflète pas suffisamment l’intérêt réel des marchés, le moteur de recherche met en place un système complexe d’enchères. Dans un contexte boursier difficile, et après plusieurs polémiques, le pari est raté: son action est lancée à 85 dollars, au lieu des 135 dollars un temps espérés. Depuis, aucune société n’a osé suivre cette voie… jusqu’à Unity, qui va aussi avoir recours cette semaine à des enchères pour vendre ses actions.

Cotation directe – Depuis deux ans, la remise en cause des IPO a pris de l’ampleur sous l’impulsion notamment de Spotify. Le géant suédois du streaming musical est en effet entré en Bourse par l’intermédiaire d’une cotation directe. Il a depuis été suivi par Slack. Et le sera bientôt par Palantir et Asana. Cette procédure est bien moins onéreuse et contraignante. Mais elle présente aussi un handicap majeur: elle ne permet pas de lever de l’argent. Cette restriction va cependant bientôt être levée par la Securities & Exchange Commission, le gendarme boursier américain. Ce qui rendra les cotations directes encore plus attractives.

SPAC – Une autre alternative a le vent en poupe: la fusion avec une SPAC, une société d’acquisition à vocation spécifique. Ces groupes cotés n’ont absolument aucune activité. Ils lèvent simplement des fonds sur la promesse de racheter une entreprise non cotée dans les deux ans. Pour ces dernières, le mécanisme offre deux avantages principaux afin d’entrer en Bourse: rapidité (quelques mois contre 12 à 18 mois pour une IPO) et un contrôle bien supérieur. Depuis le début de l’année, les SPAC ont recueilli plus de 36 milliards de dollars. Et multiplié les rachats, comme Virgin Galactic, DraftKings et Nikola.


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