Pour les start-up européennes, le succès ne passe plus forcément par une installation rapide aux Etats-Uns. C’est la principale conclusion d’une étude réalisée par le fonds de capital-risque Index Ventures auprès de 275 jeunes pousses. “Établir une base américaine peut-être une bonne décision, notamment lorsque l’activité atteint certains paliers, mais cela devient de plus en plus onéreux et difficile”, souligne Danny Rimer, associé au sein de la firme basée à Londres et San Francisco. Dans le même temps, l’Europe a rattrapé une partie de son retard, en termes de financement ou de main d’ouvre qualifiée.
Écosystème plus développé – Pendant longtemps, la grande majorité des start-up européennes optaient très vite pour une relocalisation, partielle ou totale, aux États-Unis. En particulier dans la Silicon Valley et à New York. Entre 2008 et 2014, 59% d’entre elles ont traversé l’Atlantique avant même leur levée de fonds de série A, selon les décomptes d’Index Ventures. Objectifs: avoir accès à un nombre plus élevé d’ingénieurs informatiques; faire partie d’un écosystème déjà mature, au plus près des fonds de capital-risque, de mentors ou d’acquéreurs potentiels; et enfin être plus proches de potentiels clients sur un marché beaucoup plus large.
La R&D reste en Europe – “Il y a quinze ans, construire un géant tech en Europe était extrêmement difficile, poursuit Danny Rimer. Les fondateurs étaient souvent forcés de relocaliser leurs entreprises très tôt aux Etats-Unis. Aujourd’hui, les conditions sont bien différentes”. Entre 2015 et 2019, plus qu’un tiers des start-up européennes ont déménagé ou ouvert des bureaux aux Etats-Unis avant leur levée de série A. Et seulement 20% y ont délocalisé une partie de leur recherche et développement. Les nouvelles pépites européennes, comme Klarna ou Transferwise, ne comptent ainsi peu ou pas de développeurs sur le sol américain, souligne Index Ventures.
Les américains investissent en Europe – Plusieurs raisons expliquent ce changement. D’abord, la main d’oeuvre qualifiée est aujourd’hui plus nombreuse en Europe qu’aux Etats-Unis, où les salaires sont, par ailleurs, bien plus élevés. Ensuite, l’accès au financement s’est fortement amélioré. Et il est désormais fréquent pour des entreprises basées sur le Vieux continent d’attirer des investisseurs américains. Enfin, plusieurs sociétés ont démontré qu’il était possible de percer aux Etats-Unis sans y être présent. Reste un domaine où l’Europe doit s’améliorer: les grandes entreprises dépensent 75% de moins pour déployer de nouvelles solutions logicielles. Pour les start-up du secteur, une présence très tôt aux Etats-Unis reste donc toujours primordiale.