Par , publié le 28 septembre 2020

Sept ans après avoir fabriqué le premier steak de laboratoire, Mosa Meat ambitionne désormais de passer à la vitesse supérieure. La semaine dernière, la start-up néerlandaise a officialisé une levée de fonds de 55 millions d’euros. Ces liquidités doivent lui permettre de développer une chaîne de production de taille industrielle, puis de lancer un premier produit commercial. Peut-être dès l’année prochaine, alors que les consommateurs recherchent de plus en plus des alternatives à la viande traditionnelle.

Enjeux environnementaux – Pour fabriquer sa viande de synthèse, la société utilise des cellules souches de muscle de bœuf, qu’elle cultive pour les multiplier jusqu’à la formation de fibres musculaires. Le processus permettrait de réduire de 96% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à la viande traditionnelle. Si ce chiffre est remis en cause par des chercheurs de l’université d’Oxford, il est repris par Mosa Meat dans son discours marketing. Et pour cause: 60% des Américains et 30 à 40% des Européens se disent prêts à manger moins de viande pour des motifs environnementaux. “Pas un seul animal n’est abattu pour produire notre viande”, ajoute par ailleurs l’entreprise.

Flexitariens – S’il reste encore restreint, le marché des alternatives à la viande connaît une forte croissance. Il ne concerne plus seulement les végétariens et les végans. Les producteurs veulent désormais toucher les flexitariens, ces consommateurs, de plus en plus nombreux, qui souhaitent manger moins de viande. Pour les séduire, il est important d’en reproduire l’apparence, le goût et la texture. C’est ce qui explique le succès des start-up Beyond Meat et Impossible Foods, qui fabriquent de la viande avec des protéines végétales. Le cabinet AT Kearney estime que la viande de synthèse devrait devenir encore plus populaire: en 2040, elle pourrait représenter 35% de la viande consommée dans le monde.

“Frankenburger” – D’autres entreprises visent ce marché, dont l’américaine Memphis Meats, qui a levé 161 millions de dollars en janvier. Plusieurs défis doivent encore être relevés. Le plus important: les coûts de production. En 2013, Mosa Meat avait dépensé 250.000 euros pour fabriquer son premier steak. La société assure depuis avoir perfectionné son processus, en trouvant un substitut au sérum fœtal de veau – une utilisation très controversée et aussi très coûteuse. Elle espère ramener le coût de chaque steak à 9 euros. Il faudra ensuite convaincre les autorités sanitaires. Et surtout les consommateurs, alors que le premier steak de laboratoire avait été surnommé “Frankenburger”


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