Par , publié le 29 avril 2022

Un secrétaire d’État, c’est bien. Un ministre, c’est encore mieux ! Après la réélection d’Emmanuel Macron, le candidat qu’elle a publiquement soutenu, la French Tech ne veut pas d’un simple remplaçant à Cédric O, qui a fait le choix de poursuivre sa carrière dans le secteur privé. Elle rêve désormais d’un véritable ministère du numérique, comme il existe déjà un portefeuille pour l’industrie ou un autre pour l’agriculture. Une décision qui permettrait “d’acter l’importance stratégique du numérique pour la France”, avance l’association France Digitale, l’une des principales voix des start-up tricolores. Mais cette nouveauté ne serait pas que symbolique: un ministre du numérique aurait davantage de pouvoir et de poids pour faire avancer certains dossiers.

Placé sous tutelle – Depuis 2008, tous les gouvernements ont compté un responsable du numérique, le plus souvent un secrétaire d’État. En 2010, Éric Besson avait bien l’étiquette de ministre, mais il s’occupait aussi de l’industrie et de l’énergie, preuve de la faible importance accordée alors au numérique. Ministre déléguée, Fleur Pellerin était également responsable des PME. Son passage, remarqué et salué, au gouvernement a cependant représenté un tournant. Depuis, le numérique dispose d’un secrétaire d’État dédié. Mais celui-ci reste toujours placé sous la tutelle d’un autre ministre. Cela a pu être source de vives tensions, comme entre Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg lors de la tentative de rachat, bloquée par Bercy, de Dailymotion par Yahoo en 2013.

Trois favoris – Au sein de la French Tech, trois favoris se détachent pour succéder à Cédric O: Rania Belkahia, Eric Bothorel et Philippe Englebert. Des profils différents: une entrepreneure, un député et un conseiller du président. Mais tous les trois très proches des enjeux des start-up. Rania Belkahia est connue pour avoir fondé l’e-marchand Afrimarket en 2013. Elle a depuis rejoint le fonds d’investissement EQT Ventures. Eric Bothorel, élu LREM des Côtes-d’Armor, copréside le groupe sur l’économie numérique à l’Assemblée nationale. Tous les deux avaient été chargés en début d’année de faire le lien entre le candidat Macron et l’écosystème tech. Philippe Englebert a fait partie du cabinet de Cédric O, avant de devenir conseiller de l’Élysée et de Matignon en septembre 2020.

Souveraineté – Ministre ou secrétaire d’État, le futur responsable gouvernemental du numérique aura fort à faire pour remplacer Cédric O. “Il était très apprécié au sein de l’écosystème, souligne un dirigeant d’une jeune pousse. Il comprenait très bien les enjeux business des start-up”. VRP de luxe de la French Tech pendant trois ans, son passage à Bercy a coïncidé avec la formidable accélération des levées de fonds et des valorisations des pépites françaises. Son successeur devra accompagner la phase de maturité de l’écosystème, par exemple en mettant en place une politique de formation pour répondre à la pénurie de talents ou en favorisant l’accès des start-up à la commande publique. Certains espèrent aussi une politique plus volontariste en matière de souveraineté numérique.


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