Par , publié le 6 mai 2022

Cela faisait plus d’un mois que la French Tech n’avait pas enregistré une levée de fonds supérieure à 100 millions d’euros. En officialisant jeudi un tour de table de 183 millions, Alan a mis un terme à une période de disette. Comme partout ailleurs, les investissements dans les start-up françaises ont fortement reculé en avril, chutant de moitié par rapport à l’an passé. Une simple accalmie passagère après plusieurs mois d’euphorie ? Ou le signe d’un ralentissement durable alors que les banques centrales durcissent leurs politiques monétaires ? Si la French Tech veut encore croire à la première hypothèse, de nombreux éléments font redouter la seconde.

Aucune nouvelle licorne – Après une année 2021 historique, l’écosystème tricolore a poursuivi sur sa lancée au premier trimestre – surtout en janvier, avec plus de 2,7 milliards d’euros récoltés, du jamais vu. En avril, les levées de fonds n’ont en revanche pas dépassé la barre des 400 millions d’euros. C’est le plus faible total depuis août, un mois traditionnellement plus calme. Cette contre-performance s’explique en particulier par l’absence de méga-levées, qui tiraient jusqu’à présent les chiffres vers le haut. Autre symbole: aucune société n’a atteint le statut de licorne depuis janvier. Le repli des investissements pourrait se poursuivre jusqu’à juillet, notamment en raison d’une base de comparaison peu favorable.

Valeurs technologiques – La chute des levées de fonds coïncide avec le resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine, dont la politique accommodante a été l’un des principaux catalyseurs de l’euphorie qui a entouré les sociétés technologiques. Depuis six mois, les valeurs tech accusent ainsi une dégringolade spectaculaire, en particulier les dernières arrivées sur les marchés, qui ont parfois effacé tous les gains enregistrés depuis leur introduction. La tendance boursière se répercute désormais sur les entreprises non cotées. Certes, les deux sphères ne sont pas directement liées, mais elles ne sont pas totalement décorrélées. Le plongeon des capitalisations boursières incite en effet les fonds de capital-risque à davantage de prudence.

Pression sur les valorisations – Dans ce contexte, certaines start-up doivent revoir leurs ambitions à la baisse, sur les montants des levées de fonds et surtout sur les valorisations. Portées par l’euphorie et la compétition entre investisseurs, ces dernières avaient atteint des niveaux qui ne se justifiaient pas par des performances financières. La pression sur les valorisations pourrait être accentuée par les difficultés de Softbank et de Tiger Global. Secoués par le plongeon boursier, le conglomérat japonais et le fonds américain, très actifs l’an passé en France, ont en effet décidé de limiter leurs investissements dans les start-up.“D’autres fonds disposent encore de beaucoup de liquidités, nuance un bon connaisseur du secteur. Ils n’hésiteront pas à remettre 100 millions d’euros dans une start-up”.


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