Par , publié le 26 mai 2022

“Heureusement que nous avons finalisé notre tour de table il y a quelques mois”, soupire le fondateur d’une start-up. Après une année 2021 historique et un mois de janvier euphorique, la French Tech est désormais rattrapée par le climat morose qui plombe en particulier la tech américaine depuis plusieurs mois. Les levées de fonds ont plongé. Et les valorisations ne s’envolent plus. Mais la situation n’est pas (encore ?) aussi grave qu’aux Etats-Unis, où les mesures d’économies et les plans sociaux se multiplient. Les responsables de plusieurs start-up que nous avons interrogés ne se montrent d’ailleurs pas trop inquiets. Car après s’être félicitée sans réserve des levées et valorisations records, la French Tech préfère aujourd’hui parler d’excès qu’il était nécessaire de corriger.

Chute des levées – En février, lorsque les premiers signaux inquiétants sont apparus, l’optimisme était également de mise. La French Tech ne voulait pas croire à un ralentissement durable des levées de fonds. Au sein de l’écosystème, on évoquait alors une simple accalmie. Et l’on rappelait que les grands fonds disposaient toujours d’importantes sommes à investir. Trois mois plus tard, la situation s’est encore plus détériorée. En avril, les tours de table ont été divisés par deux par rapport à l’an passé, touchant leur plus faible total depuis août, un mois traditionnellement plus calme. La tendance est similaire en mai. Pis encore, moins de 100 millions d’euros ont été levés sur les deux dernières semaines. Et depuis janvier, aucune start-up n’a atteint le statut de licorne.

Encore des fonds – Si la French Tech n’échappe pas au climat mondial, elle reste encore épargnée par les licenciements et par les down rounds – les tours de table réalisés sur la base d’une valorisation inférieure à la précédente. “2021 a été une année massive pour les levées de fonds”, rappelle un dirigeant de l’une des 23 licornes françaises. Profitant de l’appétit des investisseurs, de nombreuses start-up ont en effet recueilli des fonds dont elles n’avaient pas besoin dans l’immédiat. “Cela nous permet de voir venir”, poursuit ce responsable, qui assure ne pas avoir revu à la baisse les projets d’investissement et de recrutement pour les prochains mois. D’ailleurs, “la situation sur le marché de l’emploi reste très tendue”, souligne un autre entrepreneur, signe que les embauches ne sont pas encore affectées.

Acquisitions – Les start-up plus récentes, ou celles qui se lancent à peine, ne bénéficient pas de ce luxe. “Les beaux projets seront toujours financés”, veut croire cet entrepreneur, mais peut-être pas aux mêmes conditions que l’an passé. Et les autres ? La tâche pourrait rapidement se compliquer. Pour se donner le temps de voir venir, en espérant une amélioration à la rentrée, ces start-up doivent d’ores et déjà limiter leurs dépenses pour réduire leur burn rate, les liquidités qu’elles consomment chaque mois. Celles qui n’y parviendront pas pourraient être avalées par plus gros, à l’image de la plateforme de livraison ultrarapide Cajoo. “Le prix des acquisitions va chuter”, anticipe un patron, qui estime que “certaines valorisations avaient atteint des niveaux délirants”.


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