“Souvent, quand on présentait le projet, les gens pensaient que notre objectif était d’accueillir 100 start-up, pas 1.000”. Cinq ans après l’inauguration de Station F, Roxanne Varza se souvient encore des débuts de cette “idée folle” initiée en 2013 par Xavier Niel, le fondateur et patron de Free: bâtir en plein cœur de Paris le plus grand incubateur du monde. À l’époque, l’initiative French Tech n’existe pas encore – elle ne sera lancée que quelques semaines plus tard. Et l’écosystème tricolore compte encore peu de pépites. L’objectif est pourtant rempli. “De belles histoires, de nombreuses levées de fonds (1,8 milliard d’euros récoltés par les start-up passées par Station F, ndlr) et beaucoup moins d’échecs de start-up que nous l’avions imaginé“, se félicite sa directrice.
5.000 start-up – Installée à la Halle Freyssinet, un ancien bâtiment ferroviaire racheté à la SNCF, Station F s’étend sur 34.000 mètres carrés, pour environ 3.000 postes de travail, loués 200 euros par mois. L’investissement a été conséquent: 300 millions d’euros, en incluant la résidence de co-living construite à Ivry-sur-Seine. Les débuts ont été un peu compliqués: les premiers locataires se souviennent encore de la mauvaise qualité du Wifi ou des imprimantes qui ne fonctionnent pas. Mais cinq ans plus tard, l’espace affiche toujours complet. Depuis son lancement, il a accueilli un peu plus de 5.000 start-up dans ses locaux – dont environ un tiers venues de l’étranger -, par l’intermédiaire de programmes maison ou de ceux lancés par ses partenaires (Facebook, Microsoft, LVMH ou encore Total)
Expériences hybrides – Si “le modèle fonctionne toujours bien”, Station F ne veut pas se laisser dépasser par les nouvelles habitudes de travail. “Les start-up cherchent des expériences hybrides, souligne Roxanne Varza. Cela nous oblige à réimaginer notre expérience qui a été pensée pour le présentiel”. L’incubateur souhaite ainsi rendre accessible en ligne le plus gros de ses ressources. Pour continuer à se développer, Station F cherche également de nouvelles sources de chiffre d’affaires, alors que son cœur de métier historique est en partie limité par le nombre de bureaux qu’il peut louer aux start-up. Fin 2021, il a ainsi lancé un pré-programme en ligne pour “aider les entrepreneurs pas assez avancés dans leur projet à atteindre un stade qui leur permettra ensuite de postuler à Station F”, indique sa directrice.
Implantation à l’étranger – Surtout, Station F étudie deux évolutions majeures. D’abord, d’éventuelles prises de participation dans des start-up présentes sur son campus. Ce modèle, très répandu au sein des incubateurs, à commencer par le prestigieux Y Combinator, n’avait pas été retenu initialement. “Cela permet d’aligner nos intérêts avec ceux des start-up et de conserver la relation plus longtemps, même après leur départ”, justifie désormais Roxanne Varza. Deuxième projet: une implantation à l’étranger. “Nous sommes arrivés à un stade où nous pouvons vraiment commencer à y réfléchir”, indique la responsable. Pas question cependant de réaliser les mêmes investissements dans l’infrastructure qu’à Paris. L’idée serait de “travailler avec de nombreux acteurs qui s’inspirent de notre modèle”.