Par , publié le 28 septembre 2023

Le communiqué de l’autorité de la concurrence est laconique et ne mentionne pas Nvidia. C’est pourtant bien le géant américain des cartes graphiques (GPU) qui a été ciblé, mardi, par une “opération de visite et saisie inopinée”, explique le magazine Challenges. Une sorte de perquisition menée par les services d’instruction du gendarme antitrust français, avec l’autorisation d’un juge. Cette opération intervient au moment où le groupe de Santa Clara surfe sur la demande liée à l’intelligence artificielle générative, qui propulse son activité à un niveau record. Elle s’inscrit dans le cadre d’une enquête sur de potentielles pratiques anticoncurrentielles, indique l’autorité de la concurrence, qui se refuse à tout autre commentaire sur le dossier. Contacté, Nvidia refuse également de discuter du sujet.

Instruction au fond – Les “opérations de visite et saisie inopinée” sont relativement rares. Elles sont déclenchées lorsque l’autorité de la concurrence dispose de “remontées de preuves”, de la part de concurrents ou de clients de l’entreprise ciblée. Et qu’elle pense pouvoir “mettre la main sur des preuves qui pourraient être dissimulées” dans le cadre d’une procédure d’enquête classique, souligne un spécialiste. Le dossier Nvidia va désormais faire l’objet d’une “instruction au fond”, avec débat contradictoire. Cette étape, qui peut prendre plusieurs années, doit determiner si les pratiques présumées anticoncurrentielles le sont véritablement. Le gendarme français ne prévoit pas de communiquer officiellement sur l’affaire avant la notification des griefs voire, encore plus tard, avant sa décision définitive.

IA générative – L’autorité de la concurrence ne précise pas les pratiques incriminées, ni le secteur sur lequel portent ses soupçons. Elle indique simplement que son enquête s’inscrit dans le cadre de “l’attention particulière” qu’elle porte au marché du cloud. Cette formulation semble exclure le segment des cartes graphiques dédiées que conçoit Nvidia pour les ordinateurs, en particulier les machines destinées au jeu vidéo. La société capte bien près de 90% des ventes, selon les estimations du cabinet Jon Peddie Research, mais la situation concurrentielle n’a pas changé ces dernières années pour justifier l’intérêt d’une autorité antitrust. Plus probablement, l’instruction va porter sur le marché des data centers, notamment sur les puces dédiées à l’entraînement et au fonctionnement des modèles d’IA générative.

Offre de cloud – Dans ce domaine, Nvidia occupe une position quasiment monopolistique, avec ses cartes graphiques A100 et H100, ses superpuces Grace Hopper et son supercalculateur DGX. Ses concurrents sont loin derrière. Si Google ou Amazon produisent des puces d’IA, celles-ci sont uniquement utilisées pour leur propre offre de cloud. AMD doit lancer son premier GPU d’IA avant la fin de l’année, mais il n’a pour le moment pas officialisé d’accord commercial d’envergure. Quant à Intel, il ne prévoit pas d’entrer sur le marché avant 2025. Surtout, Nvidia compte profiter de sa position de force pour lancer une offre de cloud, forçant potentiellement la main aux grands acteurs du secteur avec lequel la société souhaite s’associer. Et qui ne peuvent pas lui refuser grand-chose en ce moment.

.Pour aller plus loin:
– Les États-Unis vont empêcher Nvidia d’exporter ses puces d’IA vers la Chine
– Pourquoi Microsoft conçoit sa propre puce dédiée à l’intelligence artificielle


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