Par , publié le 9 octobre 2023

Les dirigeants de Graphcore rêvaient de rivaliser avec Nvidia, dont les cartes graphiques (GPU) sont utilisées par tous les acteurs de l’intelligence artificielle. Ils n’ont désormais plus que quelques mois pour… éviter de mettre la clé sous la porte. La semaine dernière, la start-up britannique a en effet reconnu qu’elle était dans l’obligation de trouver de nouveaux investisseurs avant le printemps, alors qu’elle continue d’accuser de très lourdes pertes. Des discussions sont en cours, indique-t-elle dans son rapport annuel. “Les administrateurs s’attendent à trouver les financements nécessaires avant qu’ils ne deviennent indispensables”, poursuit-elle, optimiste. Tout comme elle promettait un bond spectaculaire de ses ventes, qui ne s’est jamais matérialisé malgré le boom de l’IA générative.

Intelligence Processing Unit – Fondée en 2016, Graphcore ambitionne d’imposer une nouvelle catégorie de puces dédiées à l’intelligence artificielle. Baptisées IPU, pour Intelligence Processing Unit, elles visent à remplacer les GPU, qui permettent aujourd’hui d’entraîner et de faire tourner les algorithmes de machine learning. Et plus récemment, les grands modèles de langage et les modèles de distribution, qui alimentent les robots conversationnels ou les générateurs d’images. La société assure que son architecture, conçue “dès le départ” pour l’intelligence artificielle, va permettre d’obtenir de meilleures performances et de faire face à la hausse exponentielle de la puissance nécessaire – qui se traduit par des coûts toujours plus élevés. Deux affirmations qu’elle est cependant encore loin d’avoir démontrées.

700 millions de dollars levés – Ces belles promesses et le CV de ses fondateurs, qui avaient revendu une première entreprise à Nvidia en 2011, ont permis à Graphcore d’attirer des investisseurs prestigieux, dont Microsoft, Samsung ou encore Dell. En quatre ans, la start-up de Bristol lève ainsi plus de 700 millions de dollars. Fin 2020, dans le cadre de sa dernière levée de fonds, sa valorisation se chiffre à 2,8 milliards. Entre-temps, elle avait également signé, en 2019, un partenariat d’envergure avec Microsoft, portant sur le déploiement de ses IPU dans les data centers d’Azure, l’offre de cloud du géant de Seattle. Les dirigeants de Graphcore rêvent alors en grand: ils multiplient les embauches, s’implantent aux États-Unis et en Chine, et promettent de réaliser un milliard de dollars de chiffre d’affaires d’ici à 2024.

“Point de bascule” – Graphcore est, en réalité, très loin du compte. L’an passé, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de seulement 2,7 millions de dollars. Et elle a perdu plus de 200 millions, la poussant à licencier près d’un quart de ses employés. La feuille de route espérée ne s’est pas matérialisée. Le partenariat avec Microsoft a rapidement pris fin. Et peu de clients ont choisi de basculer vers ses IPU, préférant continuer à utiliser les GPU de Nvidia et leurs applications logicielles qui facilitent leur travail et permettent d’optimiser la puissance de calcul. Ses dirigeants veulent rester confiants. “Nous sommes à un point de bascule”, assurait mi-septembre son patron Nigel Toon, interrogé par Business Insider. Et de prédire un afflux de commandes en 2024, alors que les clients commencent à s’habituer à son architecture.

Pour aller plus loin:
– L’autorité de la concurrence soupçonne Nvidia de pratiques anticoncurrentielles
– Pourquoi Microsoft conçoit sa propre puce dédiée à l’intelligence artificielle


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