Par , publié le 26 octobre 2023

Pat Gelsinger n’avait pas besoin de ça. Déjà pénalisé par la chute des ventes de PC, qui complique grandement la mise en place de son plan de relance, le patron d’Intel pourrait bientôt voir débarquer un nouveau concurrent de poids sur son coeur de métier historique. Selon les informations de l’agence Reuters, confirmées depuis par d’autres médias, Nvidia travaille en effet sur des microprocesseurs (CPU) destinés aux ordinateurs. Un marché dominé depuis les années 1980 par Intel, le pionnier du secteur. Et par son architecture propriétaire x86, popularisée grâce à une alliance implicite avec Microsoft, et aussi utilisée par son principal concurrent AMD. Nvidia, spécialiste des cartes graphiques (GPU), va s’appuyer lui sur l’architecture rivale ARM, qui s’est invitée ces dernières années dans presque tous les smartphones.

Nvidia dépasse Intel – Jusqu’à présent, les groupes américains, tous deux basés à Santa Clara au centre de la Silicon Valley, s’affrontent principalement dans les data centers. Nvidia y a imposé le recours aux GPU, historiquement utilisés pour doper les performances graphiques des jeux vidéo. Ces composants permettent “d’accélérer” les CPU, afin de démultiplier les capacités de calcul. Ils sont notamment au cœur de l’essor de l’intelligence artificielle générative. La société produit désormais ses propres processeurs, mais uniquement pour les coupler avec ses cartes graphiques dans les accélérateurs dédiés à l’IA. Sa rivale, elle, peine en revanche à exister sur le marché des GPU, malgré plusieurs acquisitions. Symbole de ce bouleversement, le chiffre d’affaires de Nvidia a dépassé pour la première fois celui d’Intel cet été.

Soutien de Microsoft – L’offensive de Nvidia est soutenue par Microsoft, qui souhaite voir émerger une alternative aux processeurs x86, cadenassés par Intel et AMD, les seuls groupes à pouvoir juridiquement les produire. Le concepteur de Windows espère stimuler l’innovation en basculant vers l’architecture ARM, qui est, elle, ouverte à tous. Et qui a démontré son potentiel sur le marché des smartphones. Dépassé par cet écosystème, Intel a dû jeter l’éponge. L’idée de Microsoft n’est pas nouvelle: un premier partenariat avait été conclu en 2016 avec Qualcomm. Mais la volonté de la concrétiser a été renforcée par deux éléments. D’abord, les succès commerciaux d’Apple, qui a abandonné les processeurs d’Intel en 2020, au profit de CPU ARM maison, qui offrent des gains de puissance et d’autonomie à ses Mac.

IA en local – Ensuite, l’émergence de l’IA générative qui a fait naître la nécessité de concevoir de nouveaux processeurs suffisamment puissants pour faire tourner les derniers modèles en local, directement sur un ordinateur et sans avoir besoin de passer par une plateforme cloud. C’est d’ailleurs la promesse faite par Qualcomm, qui a dévoilé mercredi un CPU surpuissant conçu pour Windows. Celui-ci serait deux fois plus rapide que le dernier modèle d’Intel, tout en consommant deux tiers d’énergie en moins. Son lancement est espéré mi-2024, soit quelques mois avant la fin de la période d’exclusivité que le groupe avait négociée avec Microsoft. Nvidia devrait emboîter le pas dès l’année suivante. Tout comme AMD, qui prévoit de basculer progressivement vers l’architecture ARM, et le taïwanais Mediatek.

Pour aller plus loin:
– L’autorité de la concurrence perquisitionne chez Nvidia
– AMD présente un accélérateur pour rivaliser avec Nvidia dans l’IA


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