Par , publié le 21 novembre 2023

Quatre jours après avoir été écarté à la tête d’OpenAI, l’avenir de Sam Altman reste encore bien incertain. Si Microsoft a d’ores et déjà annoncé son recrutement, pour créer une nouvelle division consacrée à l’intelligence artificielle, celui-ci ne désespère en effet toujours pas de retrouver son poste de directeur général du concepteur de ChatGPT. Peut-être grâce à la mobilisation de ses anciens employés, qui menacent quasiment tous de démissionner. Cette hypothèse a été confirmée lundi par Satya Nadella, lors de deux interviews accordées consécutivement à CNBC et à Bloomberg TV. “Je suis ouvert aux deux options”, a indiqué le patron de l’éditeur de Windows, premier actionnaire de ChatGPT, assurant que le plus important était de “continuer à travailler avec Sam, peu importe où il se trouve”.

Plan B – Dimanche, Satya Nadella avait tenté de convaincre le conseil d’administration de revenir sur sa décision. Sans succès. L’enjeu est immense pour le groupe de Redmond, qui a bien plus à perdre que les 13 milliards de dollars qu’il s’est engagé à investir: toutes ses initiatives dans l’IA générative dépendent des modèles de son partenaire. Or, la nouvelle direction de la start-up semble vouloir ralentir le rythme de développement et le déploiement commercial de la technologie, estimant qu’une approche plus prudente est nécessaire compte tenu de ses dangers. Pour éviter de mauvaises surprises et s’assurer de rester compétitif face à Google notamment, Microsoft a donc activé, au moins sur le papier, un plan B: recruter Sam Altman, et une partie de son équipe de chercheurs, avant qu’il ne lance une nouvelle start-up.

Un coup de pression ? – Ce revirement stratégique a été célébré comme un coup de génie par de nombreux observateurs, permettant de fait à la société de mettre la main, à moindres frais, sur des experts réputés. Mais cette annonce pourrait tout aussi bien constituer un gigantesque coup de pression sur le conseil d’administration de la start-up. Si Satya Nadella ne l’indique pas ouvertement, un retour aux commandes de Sam Altman chez OpenAI reste en effet la meilleure solution pour Microsoft. Elle présente l’avantage de la continuité, s’appuyant sur tout ce qui a déjà été bâti en un an, comme l’assistant Copilot qui va intégrer la majorité des produits maison, plutôt que de repartir quasiment d’une feuille blanche en interne – et de réinvestir plusieurs milliards de dollars pour concevoir ses propres modèles d’IA générative.

Exode massif – La pression mise par Microsoft est accentuée par le soutien indéfectible des employés d’OpenAI à leur ancien patron. Lundi, plus de 90% d’entre eux ont réclamé son retour et la démission du conseil d’administration. Faute de quoi, ils menacent de quitter l’entreprise, potentiellement pour rejoindre la nouvelle division créée par Microsoft, qui a déjà proposé des postes à certains d’entre eux. Parmi les signataires: Ilya Sutskever, le directeur scientifique et membre du conseil. “Je regrette profondément ma participation aux actions du conseil”, explique-t-il, assurant désormais vouloir tout faire pour “réunir l’entreprise.” S’ils campent sur leurs positions, les administrateurs d’OpenAI pourraient ainsi se retrouver à la tête d’une entreprise exsangue, délaissée par son principal partenaire et par ses employés.

Pour aller plus loin:
– OpenAI abandonne le développement de son dernier modèle de langage
– Les coûts de l’IA menacent de freiner son adoption


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