Par , publié le 6 décembre 2023

En début d’année, Elon Musk faisait partie du millier de signataires d’un appel pour mettre en place un moratoire sur le développement de l’intelligence artificielle générative, suite au lancement du robot conversationnel ChatGPT. À peine huit mois plus tard, le multi-entrepreneur s’apprête à lever un milliard de dollars pour rivaliser avec OpenAI, Google, Anthropic et les autres acteurs du secteur. Dans un document envoyé mardi à la Securities & Exchange Commission, le gendarme financier américain, sa nouvelle start-up xAI, officiellement créée en mars, révèle avoir déjà recueilli 135 millions auprès d’investisseurs, dont l’identité n’est pas connue. Et elle explique avoir conclu un “accord contraignant et exécutoire” pour la cession des autres actions mises en vente, pour un montant de 865 millions.

Lancement de Grok – Cette méga-levée de fonds intervient un mois après le lancement de Grok, le premier chatbot conçu en quelques semaines par xAI. “À bien des égards, c’est le meilleur qui existe actuellement sur le marché”, promettait alors Elon Musk, tout en reconnaissant des performances moins élevées que GPT-4, la dernière version du grand modèle de langage développé par OpenAI. Mais le milliardaire mettait en avant un “accès en temps réel” aux messages publiés sur X, l’ancien Twitter, ce qui lui permettrait de générer ses réponses à partir des toutes dernières informations. Le robot répondrait aussi à des “questions brûlantes” que ses rivaux préfèrent ignorer. L’accès à Grok est pour le moment limité à un petit nombre d’utilisateurs aux États-Unis, abonnés à l’offre payante la plus chère de X.

Milliers de GPU – Avec un milliard de dollars dans ses caisses, xAI va pouvoir passer à la vitesse supérieure pour entraîner, puis faire tourner, des modèles d’IA encore plus puissants. La start-up va notamment pouvoir payer les milliers de processeurs graphiques (GPU) qu’elle a commandés auprès de Nvidia, pour un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars. Elle va aussi pouvoir embaucher de nouveaux experts du domaine. Cet été, Elon Musk avait révélé l’identité des premiers employés: onze spécialistes de l’IA, tous des hommes, débauchés chez les pus grands acteurs du secteur. On y trouve majoritairement des anciens de Google ou de sa filiale DeepMind, connue pour avoir conçu une IA capable de battre des champions du jeu de go. xAI a aussi recruté des chercheurs chez OpenAI, Microsoft et Tesla.

Contre l’IA “woke” – Elon Musk s’intéresse à l’intelligence artificielle depuis des années. En 2015, il faisait partie des fondateurs d’OpenAI, avant de claquer la porte quatre ans plus tard, en raison de batailles internes sur la gouvernance. Avec xAI, ses ambitions seront d’abord commerciales, alors que l’IA générative devrait devenir un marché important: comme ses rivales, la start-up pourrait proposer ses modèles aux entreprises qui souhaitent développer de nouvelles applications. Mais l’objectif du milliardaire est aussi politique, alors qu’il s’est déjà plaint que ChatGPT et ses rivaux étaient trop “woke” – un terme péjoratif pour désigner ceux qui luttent contre les discriminations. En clair, son IA générative doit être, comme il veut le faire depuis le rachat de Twitter, le garant d’une liberté d’expression qu’il juge menacée.

Pour aller plus loin:
– Les coûts exorbitants de l’IA menacent de freiner son adoption
– OpenAI abandonne le développement de son dernier modèle de langage


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