Par , publié le 21 décembre 2023

“Nous sommes un peu les dinosaures du paiement en ligne”, sourit Francis Barel, le président de la filiale française de PayPal. En décembre, la première fintech vedette de l’histoire a soufflé sa vingt-cinquième bougie. Un anniversaire qui coïncide aussi avec une nouvelle ère pour la société basée à San José, à la recherche d’une seconde jeunesse passée l’euphorie post-Covid. En début d’automne, un nouveau patron est arrivé. Sa mission ne s’annonce pas facile: contenir une concurrence toujours plus féroce tout en redonnant un coup de fouet à un cours boursier en chute libre depuis le plus haut historique touché en 2021. À cette époque, PayPal voyait alors très grand, promettant d’atteindre 750 millions d’utilisateurs actifs dans le monde. Trop grand: cet objectif est désormais abandonné.

Plusieurs vies – À 25 ans, PayPal a déjà connu plusieurs vies. La première sous le nom de Confinity jusqu’à la fusion avec x.com, la start-up d’Elon Musk. Ses dirigeants de l’époque formeront ensuite la “PayPal mafia”, qui créera ou investira dans de nombreuses start-up emblématiques. Sa deuxième vie débute en 2002 avec le rachat, pour 1,5 milliard de dollars, par eBay, la plateforme d’enchères qui représente alors la quasi intégralité de son activité. “C’est à ce moment-là que nous avons décidé de nous développer en dehors d’eBay”, souligne Francis Barel. Treize ans plus tard, lorsque la société retrouve son indépendance – et fait son entrée en Bourse -, son ancienne maison mère cumule moins de la moitié de ses transactions. Cette troisième vie s’est achevée en septembre avec le départ de son patron Dan Schulman, en poste depuis huit ans.

1.100 milliards de dollars – Son successeur, Alex Chriss, un ancien dirigeant de l’éditeur de logiciels financiers Intuit, prend les commandes d’un géant des paiements: 1.100 milliards de dollars de transactions sur les neuf premiers mois de l’année. Plus de 80% de cette somme provient de l’activité historique, permettant de payer des achats en ligne avec un compte PayPal. Depuis trois ans, la société permet de régler en quatre fois sans frais, répondant au succès du paiement fractionné. Elle a aussi diversifié son offre, en partie grâce à des acquisitions. Avec Braintree, elle gère en marque blanche les paiements de grandes plateformes, comme Airbnb, Booking et Uber. “C’est notre activité qui affiche la plus forte croissance”, note Francis Barel. Avec Zettle, elle offre des terminaux de paiement aux commerces physiques.

Concurrence – Mais PayPal reste un géant fragile. En début d’année, il a licencié 2.000 personnes, soit 7% de ses effectifs. Et ses marges restent sous pression. Cela s’explique en partie par la croissance de Braintree, qui affiche des commissions plus faibles sur les transactions. Mais aussi par une intense compétition, d’Apple Pay à Stripe, qui a contraint le groupe à baisser certains de ses tarifs. “Nous affrontons une concurrence accrue sur chacun de nos secteurs d’activité, reconnaît Francis Barel. Cela nous oblige à innover constamment”. Depuis son arrivée, Alex Chriss a ainsi demandé à ses équipes de travailler sur des améliorations et de nouvelles fonctionnalités pouvant être lancées début 2024, rapporte le site The Information. Notamment pour les PME, un segment que PayPal a peut-être trop négligé jusque-là.

Pour aller plus loin:
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