Par , publié le 12 janvier 2024

Voilà des mois que Tier cherchait un repreneur. Mais après avoir discuté avec quasiment tous les gros du secteur – en particulier l’estonien Bolt, avec lequel un accord semblait proche au printemps –, la plateforme allemande de location en libre-service de trottinettes électriques n’a pas trouvé d’acheteur. La faute notamment à une dette estimée à 100 millions d’euros, explique le site Sifted. À la place, elle a annoncé mercredi qu’elle allait fusionner avec Dott, sa petite rivale néerlandaise. L’opération, qui doit être finalisée au cours des trois prochains mois, créera le numéro un européen du marché des trottinettes. Elle doit surtout permettre aux deux entreprises de dégager des synergies, avec l’espoir de finalement atteindre la rentabilité.

Lourdes pertes – Toutes les deux fondées en 2018, Tier et Dott font partie de la vague de start-up européennes qui ont surfé sur la mode des trottinettes en free floating (sans bornes). Profitant de l’appétit des investisseurs, qui parient alors sur l’essor des micromobilités dans les centres-villes, elles ont pu lever des sommes conséquentes: 650 millions de dollars pour l’allemande et 230 millions pour la néerlandaise. Mais elles ont aussi accumulé de lourdes pertes, sur un marché très concurrentiel qui nécessite de se déployer rapidement dans de nombreuses villes. Cette stratégie était tenable tant que les financements suivaient. Mais le resserrement des politiques monétaires pour lutter contre l’inflation a provoqué une chute des levées de fonds, en particulier pour les start-up au modèle économique incertain.

Dott aux commandes – Plus agressive que Dott dans son expansion, Tier a rencontré le plus de difficultés. Comme ses rivales, elle a dû abandonner son obsession pour la croissance pour chercher à devenir rentable. La start-up a procédé à plusieurs vagues de licenciements, la dernière en novembre lors de laquelle elle a supprimé 22% de ses effectifs. Elle a délaissé plusieurs marchés et arrêté la location de scooters électriques. Et aussi revendu sa filiale Spin, rachetée début 2022, sonnant le glas de ses ambitions américaines. Au printemps dernier, Tier n’a pas réussi à mener une indispensable levée de fonds, l’obligeant à s’endetter pour survivre le temps de trouver un repreneur, qui n’est jamais arrivé. Acculés, ses dirigeants ont dû accepter de laisser les commandes de la nouvelle entité aux responsables de Dott.

Rentable en 2024 ? – La fusion entre les deux plateformes s’accompagne d’un financement additionnel de 60 millions d’euros, auprès d’investisseurs existants, sur la base d’une valorisation ramenée, selon le journal allemand Manager Magazin à seulement 150 millions – contre deux milliards pour Tier en 2021. Cette somme donnera un peu d’air au nouveau groupe, qui promet de devenir rentable sur une base ajustée en 2024. Après des années de pertes, les acteurs du marché commencent en effet à entrevoir des jours meilleurs, notamment grâce à des trottinettes plus robustes, capables d’être amorties sur une durée plus longue, et au passage à des batteries amovibles, abaissant les coûts de recharge. Et la consolidation du marché permet aussi de limiter la concurrence dans les grandes villes.

Pour aller plus loin:
– Bird, le pionnier des trottinettes électriques, se place en faillite
– Spin, symbole de l’histoire mouvementée des trottinettes électriques


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