Par , publié le 20 février 2024

Une bulle similaire à celle des valeurs Internet en 2000. Dans l’euphorie générale autour de l’intelligence artificielle générative, le discours de Adam Selipsky détonne. Certes, le patron d’Amazon Web Services, le leader mondial du cloud, prédit que cette technologie sera “transformative” et changera “la manière dont pratiquement toutes les applications dans le monde fonctionnent”. Mais il prévient aussi que certaines start-up du secteur, dont les valorisations sont montées en flèche depuis un peu plus d’un an, sont “massivement surestimées”. Un constat partagé dès l’été dernier par Emad Mostaque, le controversé patron de Stability AI, qui évoquait alors “la plus grande bulle de tous les temps”. Une bulle dont la start-up britannique, en grandes difficultés financières, pourrait, ironiquement, être la première victime.

27 milliards de dollars – Depuis les débuts spectaculaires, fin 2022, de ChatGPT, le robot conversationnel conçu par OpenAI, les investisseurs se ruent sur les spécialistes de l’IA générative. Tous redoutent de rater la révolution annoncée, qui doit faire la fortune des concepteurs de modèles d’IA ou des éditeurs de logiciels permettant de tirer profit de ces avancées. Cela concerne les grands fonds de capital-risque, mais aussi les géants technologiques américains, comme Microsoft, Google, Nvidia ou encore Amazon. Malgré l’avertissement d’Adam Selipsky, le géant du commerce en ligne s’est ainsi engagé à investir jusqu’à 4 milliards de dollars dans Anthropic, qui conçoit un rival de ChatGPT. Selon les décomptes du cabinet Pitchbook, les start-up d’IA générative ont levé 27 milliards de dollars l’an passé.

Fortes valorisations – Environ deux tiers de cette somme ont été apportés par Microsoft, Google et Amazon, principalement sous la forme de crédits cloud accordés aux grands noms du secteur pour leur permettre d’entraîner leur modèles. Mais l’euphorie autour de l’IA a aussi profité à de nombreuses start-up, qui ont pu récolter des dizaines de millions de dollars quelques semaines seulement après leur lancement. Le plus souvent uniquement sur une idée ou sur le CV de leurs fondateurs. Et donc sans avoir encore généré le moindre chiffre d’affaires. Parallèlement, les valorisations se sont envolées: près de 90 milliards de dollars pour OpenAI, pas loin de 20 milliards pour Anthropic, 4 milliards pour Inflection… Et 2 milliards pour la start-up française Mistral AI, sept mois après sa création, du jamais vu en Europe.

Coûts élevés – Ces derniers mois pourtant, le nombre de levées de fonds a diminué. Et plusieurs sociétés, à l’image de Stability AI, n’ont pas trouvé les investissements recherchés. Le secteur semble ainsi se consolider derrière quelques grands noms, qui peuvent justifier de telles valorisations. Il est rattrapé par les gigantesques ressources informatiques requises pour l’entraînement puis le fonctionnement des grands modèles d’IA générative. Cela se traduit par des coûts importants pour les sociétés qui les développent et pour celles qui les utilisent pour concevoir des logiciels, ce qui va peser sur leur modèle économique. Ces coûts limitent aussi les applications commerciales de l’IA. “De nombreuses entreprises réalisent que leurs programmes pilotes peuvent être très coûteux à mettre en production”, souligne Adam Selipsky.

Pour aller plus loin:
– Les coûts de l’intelligence artificielle menacent de freiner son adoption
– Xavier Niel lance Kyutai, un laboratoire d’IA à but non lucratif


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité