Par , publié le 26 septembre 2024

Un mois après son arrestation à l’aéroport du Bourget, Pavel Durov veut s’attaquer aux “mauvais acteurs” qui utilisent Telegram. Dans un message publié lundi, le milliardaire annonce ainsi une volte-face majeure: l’application de messagerie collaborera désormais avec les autorités judiciaires pour tous les types d’activités criminelles. Jusqu’à présent, elle ne prévoyait de transmettre une adresse IP ou un numéro de téléphone que dans les affaires terroristes. Tout en se vantant de n’avoir jamais eu à le faire. Dans une nouvelle version de sa politique de confidentialité, la société explique qu’elle communiquera des informations permettant d’identifier ses utilisateurs suspectés d’un crime si elle reçoit “une ordonnance valide des autorités judiciaires compétentes” et après avoir mené “une analyse juridique de la demande”.

Complicité – Lancée en 2013, Telegram est plébiscitée depuis des années par les réseaux criminels. Son nom revient d’ailleurs régulièrement dans des affaires de pédocriminalité, de vente de stupéfiants ou de terrorisme. Cela s’explique par son laxisme en matière de modération des chaînes publiques. Et par sa politique de ne pas collaborer avec les autorités. Mis en examen et remis en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire, Pavel Durov, qui possède aussi la nationalité française, est notamment accusé de complicité de diffusion d’images pédopornographiques, de complicité de trafic de stupéfiants et de blanchiment de crimes. Des infractions très lourdes qui s’expliquent par son refus de communiquer des informations à la justice. Il risque, sur le papier, jusqu’à dix ans de prison.

Plus de modération – Après n’avoir rien fait pendant des années, Telegram veut désormais se montrer volontariste pour lutter contre l’utilisation de sa plateforme par des réseaux criminels. Outre la nouvelle politique de coopération avec la justice, Pavel Durov assure aussi avoir renforcé les efforts de modération, combinant des équipes humaines et de l’intelligence artificielle. Ainsi, les “contenus problématiques” ne remontent plus dans le moteur de recherche interne. Cela concerne par exemple des chaînes permettant d’acheter de la drogue et des armes – qui restent quand même disponibles. Telegram a aussi réservé sa fonctionnalité “à proximité” à des entreprises “légitimes et vérifiées”. “Nous ne laisserons pas de mauvais acteurs remettre en cause l’intégrité de notre plateforme pour un milliard d’utilisateurs”, assure son patron.

Entrée en Bourse – Cette double volte-face ne s’explique pas seulement par les ennuis judiciaires de son fondateur. Et par la volonté d’anticiper de potentiels déboires dans le cadre du Digital Services Act européen, qui impose aux plateformes de lutter contre les contenus illégaux. Elle doit aussi assurer l’avenir économique de Telegram. La société s’est en effet lourdement endettée, émettant pour 2,4 milliards de dollars d’obligations convertibles en actions. Pour effacer cette dette, elle doit s’introduire en Bourse avant mars 2026. Faute de quoi, elle devra rembourser cette somme, alors même qu’elle n’est toujours pas rentable. Une entrée en Bourse sera cependant très compliquée à mener tant que perdureront les incertitudes judiciaires et réglementaires. Pour Telegram, il est donc capital de les refermer au plus vite.

Pour aller plus loin:
– L’arrestation de Pavel Durov en France fragilise l’avenir de Telegram
– Telegram continue de s’endetter avant une introduction en Bourse


No Comments Yet

Comments are closed

Contactez-nous  –  Politique de confidentialité