Par , publié le 13 octobre 2024

Avec son design futuriste, le Cybercab semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Malgré ses promesses, Elon Musk n’a pas encore prouvé que ce prototype de robot-taxi pouvait devenir réalité dans un avenir proche. Jeudi, au cours d’une présentation en grande pompe, depuis les studios hollywoodiens de Warner Bros, le patron de Tesla a en effet fourni peu de détails sur son ambitieux projet. Tout juste a-t-il laissé entrevoir un lancement “avant 2027”, pour un tarif inférieur à 30.000 dollars. Mais il n’a pas évoqué de récents progrès du système de conduite autonome du fabricant de voitures électriques, qui permettrait de combler ses lacunes actuelles. Et de franchir les obstacles réglementaires. Au-delà de la magnifique opération de communication, les interrogations sur sa feuille de route restent donc entières.

Beaucoup de promesses – L’intérêt d’Elon Musk pour les robots-taxis n’est pas nouveau. Dans son deuxième plan stratégique, présenté il y a huit ans, il évoquait déjà une application à la Uber, s’appuyant sur la flotte de Tesla et permettant à leurs propriétaires de gagner de l’argent. En 2019, il avait promis un lancement l’année suivante, anticipant plus d’un million de taxis sans chauffeur dans les rues. Trois ans plus tard, l’entrepreneur évoquait la mise en production d’une voiture sans pédale ni volant en 2024. Autant de promesses qui ne se sont jamais matérialisées. Si la présentation d’un prototype est une étape importante, le manque d’informations laisse craindre un scénario qui se répète. À Wall Street, où l’action avait rebondi en anticipation de ces annonces, le constructeur a ainsi accusé une chute de 9% vendredi.

Des progrès, mais… – Comme d’autres, Elon Musk a sous-estimé l’ampleur du défi technologique pour concevoir une voiture sans conducteur. Certes, Tesla a réalisé d’importants progrès depuis le lancement de sa fonctionnalité Autopilot en 2015. Son successeur, baptisé full self-driving (FSD), permet aux voitures de la marque de changer de voie ou de s’arrêter à un feu de signalisation. Selon le groupe, il a accumulé plus de 300 milliards de miles (482 milliards de kilomètres) aux États-Unis, seul pays où il a été déployé. Mais il demeure, contrairement à ce que son nom suggère, seulement un système d’aide à la conduite, qui nécessite que les chauffeurs conservent leurs mains sur le volant et qu’ils restent vigilants. Il est aussi au cœur de plusieurs procédures judiciaires lancées par les familles de victimes d’accident de la route.

Pas encore d’essais – Tesla est donc encore loin du niveau d’autonomie nécessaire pour un service de robots-taxis. Beaucoup d’experts estiment que sa tâche sera difficile en raison d’un choix technologique. Sa fonctionnalité FSD repose en effet principalement sur des caméras, quand les autres acteurs du secteur utilisent un lidar, un système de laser qui cartographie l’environnement. L’autre obstacle sera réglementaire. Avant d’être autorisé à déployer des voitures autonomes sans la présence d’un opérateur, la société va devoir accumuler les kilomètres d’essai, sauf dans quelques États américains, comme le fait par exemple Waymo, la filiale de Google. Or, elle n’a pas encore entrepris la moindre démarche auprès des autorités. Sans oublier que les récents déboires de Cruise vont certainement inciter à plus de prudence.

Pour aller plus loin:
– Avec l’aide de Google, Uber accélère dans les robots-taxis
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome


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