Par , publié le 4 novembre 2024

En novembre 2022, lors du lancement de ChatGPT, certains observateurs prédisaient déjà la mort de Google. Deux ans plus tard, le géant américain de la recherche en ligne souffre très peu de la concurrence du robot conversationnel conçu par OpenAI. Mais la menace s’est nettement accentuée jeudi, avec l’intégration d’une véritable fonctionnalité de recherche dans ChatGPT, capable d’aller trouver des informations sur Internet pour les combiner avec la puissance de l’intelligence artificielle générative. Et ainsi de remplacer les traditionnels liens ou petits extraits de sites Internet par des réponses plus complexes et détaillées. Une nouvelle expérience utilisateur qui pourrait remettre en cause la domination écrasante de Google, qui s’accapare plus de 90% des recherches traditionnelles, selon les estimations de StatCounter.

Alimenté par Bing – Baptisée ChatGPT Search, cette nouvelle option doit fournir des résultats en temps réel, basés sur des sources de confiance. Elle n’est pour le moment disponible que pour les abonnés payants. Mais OpenAI promet de la déployer, avec des restrictions, aux utilisateurs gratuits. Elle s’accompagne d’une refonte graphique pour mettre en avant les pages web utilisées comme sources. Et elle propose aussi des widgets pour afficher la météo, les résultats sportifs ou des cartes – comme le fait Google. Contrairement au groupe de Mountain View, la start-up n’a en revanche pas conçu son propre système d’indexation, se reposant sur Bing, le moteur de Microsoft. Elle s’appuie aussi sur un réseau de médias partenaires, avec lesquels elle a signé des accords commerciaux, comme Le Monde, le Wall Street Journal et le Financial Times.

Combler les lacunes – ChatGPT était déjà capable de trouver des informations sur Internet, mais avec des limitations. Contrairement aux tests menés cet été, OpenAI n’a pas opté pour un nouveau service, compétiteur direct de la start-up Perplexity AI. Mais a choisi d’intégrer cette fonctionnalité directement dans son chatbot. La société dirigée par Sam Altman réplique ainsi à Gemini, le rival de Google qui proposait déjà cette option. Elle comble aussi les lacunes de ChatGPT, afin de le transformer en alternative encore plus crédible au moteur vedette. Près de la moitié des Américains se disent intéressés par des recherches générées par l’IA. Mais ni Bing, ni Perplexity AI n’ont réussi à inquiéter Google. OpenAI dispose, elle, d’arguments beaucoup plus importants: ses 250 millions d’adeptes et son image de marque.

Inertie – L’impact sur Google pourrait cependant rester limité, au moins à court terme. Le groupe bénéficie de l’inertie des internautes, qui mettent du temps à adopter de nouveaux réflexes. Changer des habitudes bien ancrées nécessite, par ailleurs, une expérience “dix fois meilleure”, souligne Brian Nowak, de Morgan Stanley. Surtout, le Google n’est pas resté les bras croisés, prenant rapidement conscience du danger. Depuis le printemps, il commence à déployer, non sans péripéties, des réponses générées par son modèle Gemini au sein même de son moteur. Ce module, baptisé AI Overviews, est déjà disponible dans une centaine de pays – mais toujours pas dans l’Union européenne. Il permet à Google de proposer le meilleur des deux mondes: des résultats classiques et des résultats alimentés par l’IA.

Pour aller plus loin:
– Google ajoute des publicités dans les réponses générées par l’IA
– Pourquoi la fonctionnalité d’IA de Google multiplie les erreurs


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