Par , publié le 12 novembre 2024

L’heure n’est pas à la fête chez Mozilla. Samedi, son navigateur Internet Firefox a pourtant célébré son vingtième anniversaire. Mais la fondation à but non lucratif qui chapeaute le projet a annoncé, trois jours plus tôt, un plan social touchant près du tiers de ses effectifs, soit environ 40 personnes. En février, c’est la société commerciale qui avait coupé dans ses équipes, se séparant d’une soixantaine d’employés. Des suppressions de postes justifiées par l’abandon de plusieurs projets de diversification. Depuis les sommets touchés en 2009, Firefox ne cesse de perdre des parts de marché, supplanté par Chrome de Google. Si sa situation financière reste solide, le navigateur pourrait bien être une victime collatérale de la récente condamnation du moteur de recherche. Et ainsi perdre tout ou partie de ses ressources financières.

Nouveaux standards – Firefox a officiellement été lancé en novembre 2004. Le navigateur est né sur les cendres de Netscape, l’un des pionniers du secteur, coulé à la fin des années 90 par l’arrivée d’Internet Explorer de Microsoft. Installé par défaut sur l’ensemble des ordinateurs Windows, celui-ci occupe alors une position quasi monopolistique. Face à cet ogre, Mozilla s’appuie sur sa communauté open source pour renouveler l’expérience utilisateur. Plus moderne, plus rapide, plus intuitif et plus sécurisé, Firefox crée aussi de nouveaux standards, comme la possibilité d’ouvrir plusieurs onglets, la barre de recherche et la détection automatique des pop-up (fenêtres qui s’ouvrent automatiquement) publicitaires. Le navigateur multiplie les mises à jour. Et profite également de l’apathie de Microsoft, pas assez prompt à innover.

Chute brutale – En novembre 2009, cinq ans après son lancement, Firefox atteint son apogée. Sa part de marché culmine à 32%, selon les données du cabinet Statcounter. Sa chute va cependant être brutale. Celle-ci coïncide avec l’immense succès de Chrome, lancé un an plus tôt. Et qui va rapidement s’imposer comme le nouvel acteur dominant du secteur. Mais Mozilla paie aussi son retard sur les supports mobiles, dont le poids dans le trafic Internet n’a cessé d’augmenter. La société se lance d’abord sur Android en 2011, sans jamais réussir à percer face aux navigateurs par défaut, puis face à Chrome. Elle ne débarque qu’en 2015 sur iOS, après avoir longtemps refusé pendant des années les limitations imposées par Apple. Sa part de marché est depuis tombée sous la barre des 3%. Elle n’est que de 0,5% sur les smartphones.

Survie menacée ? – Paradoxalement, la fondation Mozilla ne s’est jamais aussi bien portée financièrement. Ses comptes 2022, les derniers publiés à ce jour, affichent un excédent de 143 millions de dollars. Sa trésorerie se chiffre désormais à 1,2 milliard. Ces performances s’expliquent par un accord signé avec Google, qui lui verse chaque année environ 500 millions pour être le moteur de recherche par défaut de Firefox. En 2022, cela a représenté 85% de ses recettes. Mais cette manne financière est désormais menacée. En août, le géant de Mountain View a en effet été reconnu coupable d’abus de position dominante par la justice américaine. Un juge doit encore décider de mesures correctives. Il pourrait choisir d’interdire ou de limiter ce type de partenariat. Une hypothèse qui menacerait, à terme, la survie de Mozilla.

Pour aller plus loin:
– Apple, Samsung et Mozilla ont beaucoup à perdre après la condamnation de Google
– Google repousse (encore) la fin des cookies tiers


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