Par , publié le 14 novembre 2024

Sebastian Siemiatkowski se disait prêt depuis plus d’un an. Mercredi, sa société Klarna a enfin lancé son processus d’introduction en Bourse auprès des autorités américaines. Le spécialiste suédois du “achetez maintenant, payez plus tard” a en effet choisi New York pour mener cette opération, et pas Londres comme un temps pressenti. Le moment semble propice. Depuis août, le cours de l’action d’Affirm a en effet plus que doublé. Klarna viserait une capitalisation comprise entre 15 et 20 milliards de dollars – similaire à celle de son rival américain. Cela représenterait deux à trois plus que sa dernière valorisation de sept milliards d’euros. Mais resterait encore loin de la valorisation de 46 milliards touchée lors d’une levée de fonds en juin 2021, qui constituait alors un record pour une start-up européenne.

85 millions d’acheteurs – Fondée en 2005, Klarna attire 85 millions d’utilisateurs dans le monde. La plateforme permet de régler des achats en plusieurs fois sans frais. Pour les dépenses plus importantes, elle offre des crédits pouvant aller jusqu’à 36 mois, avec des taux d’intérêt. Elle permet aussi de différer les paiements, le temps notamment d’essayer un article et de le retourner sans jamais être débité. Selon Klarna, ces nouvelles options permettent d’augmenter le taux de conversion de 20%, le panier moyen de 23% et la fréquence d’achat de 45%. La société revendique près de 600.000 marchands partenaires, dont Nike, H&M et Ikea. Elle se rémunère principalement en leur facturant des commissions. Elle propose aussi une carte bancaire virtuelle pour régler des achats en magasin ou sur les sites non-partenaires, comme Amazon.

Presque rentable – Pour séduire les investisseurs de Wall Street, Klarna pourra mettre en avant la croissance de son activité, même si le rythme ralentit. Au premier semestre, son volume d’affaires affiche encore une hausse de 16%, à 523 milliards de couronnes suédoises, soit 45 milliards d’euros. Et la progression est encore plus forte aux États-Unis, où elle espère remplacer les cartes de crédit. Surtout, Sebastian Siemiatkowski ne manque jamais de rappeler l’amélioration des performances opérationnelles. Après des pertes record en 2022, il s’était engagé à mettre le cap sur la rentabilité. Il touche presque au but: au premier semestre, les pertes ont été divisées par six. Le dirigeant promet aussi de diviser les effectifs par deux au cours de prochaines années, en ayant recours à l’intelligence artificielle générative.

Menace réglementaire – Autre élément positif: la stabilisation des pertes sur crédit, subies lorsque l’acheteur n’effectue pas tous les versements prévus, qui représentent 0,4% du volume d’affaires. En outre, Klarna a également vu disparaître un concurrent potentiellement très inquiétant: Apple. En juin, le groupe à la pomme a en effet arrêté son offre de paiement fractionné, à peine un an après son lancement aux États-Unis. Mieux encore, la start-up suédoise vient d’être ajoutée comme moyen de paiement dans Apple Pay, permettant à ses utilisateurs américains et britanniques de payer en magasin avec un iPhone sans avoir à utiliser une carte virtuelle. Reste une menace importante: un renforcement de la réglementation dans plusieurs pays, alors que Klarna et ses rivales sont accusées d’accentuer le surendettement, notamment chez les jeunes.

Pour aller plus loin:
– Chute historique des levées de fonds des start-up européennes
– Les introductions en Bourse technologiques sont de retour


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