Par , publié le 6 mars 2023

C’est probablement du jamais vu pour une start-up européenne. En 2022, Klarna a accusé une perte nette de 10,4 milliards de couronnes, soit près d’un milliard d’euros. Pourtant, la situation financière du spécialiste suédois du “acheter maintenant, payer plus tard” commence lentement à s’améliorer. Au quatrième trimestre, son déficit a été divisé par deux par rapport à fin 2021. “Nous réalisons des progrès concrets vers la rentabilité, grâce à une croissance bien supérieure à celle du commerce en ligne et à une baisse de nos pertes sur crédit et de nos coûts”, se félicite Sebastian Siemiatkowski, son fondateur et patron. Le responsable se montre d’ailleurs très ambitieux: après trois années dans le rouge, il vise le retour aux profits au deuxième semestre.

Valorisation en chute libre – Fondée en 2005, Klarna est entrée dans une autre dimension après la crise sanitaire. Surfant sur l’insatiable appétit des investisseurs pour le paiement fractionné, qui permet de payer un achat en plusieurs fois sans frais, la société a levé plus de trois milliards de dollars en deux ans. En juin 2021, sa valorisation avait même atteint 46 milliards de dollars, un record pour une société européenne non cotée. Depuis, Klarna a été rattrapée par l’effondrement des valeurs technologiques. Et a licencié 10% de ses effectifs. Contrainte de lever de l’argent pour continuer à financer son développement, la start-up a dû revoir ses ambitions à la baisse à plusieurs reprises. Avant de trouver un accord sur la base d’une valorisation de seulement 7 milliards de dollars.

Pertes sur crédit – Pour expliquer les pertes abyssales de son entreprise, Sebastian Siemiatkowski met en avant la stratégie agressive de croissance à l’international, qui s’est accompagnée d’une forte hausse des dépenses. En particulier aux Etats-Unis, un marché potentiellement gigantesque sur lequel les spécialistes du paiement fractionné espèrent remplacer les cartes de crédit. “Nos pertes sont extrêmement faibles en Europe”, assure ainsi le patron de la société. Mais Klarna est aussi touchée par une forte hausse des pertes sur crédit, subies lorsqu’un acheteur n’effectue pas tous les versements prévus. L’an passé, celles-ci se sont encore creusées, atteignant 5,7 milliards de couronnes (512 millions d’euros). Une légère amélioration a cependant été enregistrée en fin d’année.

Concurrence – Dans le même temps, Klarna accuse une forte décélération de sa croissance, plombée par le ralentissement du commerce en ligne. L’an passé, son volume d’affaires a progressé de 22%, un rythme deux fois moins élevé qu’en 2021. De quoi alimenter les doutes sur son potentiel de croissance. D’abord, parce que la concurrence s’est nettement accentuée avec l’offensive de PayPal et Square, et l’ajout du paiement fractionné sur Apple Pay. Ensuite, parce que les autorités surveillent de près le secteur, accusé de favoriser le surendettement. Des régulations plus strictes ne sont pas à écarter. “Klarna, c’est bien plus que le paiement fractionné”, rétorque Sebastian Siemiatkowski, citant notamment son application de shopping qui attire 150 millions d’utilisateurs.

Pour aller plus loin:
– Klarna licencie 10% de ses effectifs
– Apple se lance dans le paiement fractionné


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