Par , publié le 23 mai 2022

Jusqu’à présent, la vague de licenciements avait surtout touché les entreprises technologiques américaines. Elle vient de franchir l’Atlantique de manière spectaculaire, rattrapant la start-up la mieux valorisée du continent. Lundi, Klarna a en effet officialisé un important plan social, portant sur 10% de ses effectifs. Cela représente environ 700 emplois supprimés. “Quand nous avions fixé à l’automne nos objectifs pour 2022, le monde était très différent”, justifie Sebastian Siemiatkowski, le fondateur du géant suédois du “acheter maintenant, payer plus tard”. Depuis octobre, les valeurs technologiques ont fortement chuté en Bourse. Et les levées de fonds ont ralenti pour les start-up.

46 milliards de dollars – Fondée en 2005, Klarna est entrée dans une autre dimension. Surfant sur l’insatiable appétit des investisseurs pour le paiement fractionné, la société a levé 2,3 milliards de dollars depuis septembre 2020. Sa valorisation atteint désormais 46 milliards de dollars, un record pour une société européenne non cotée. Comme ses nombreuses rivales, Klarna permet de payer un achat en plusieurs fois sans frais. Ou de le régler après la livraison, le temps d’essayer un article et de le retourner sans jamais être débité. La société revendique désormais plus de 400.000 marchands partenaires, dont Nike, H&M et Ikea. Elle se rémunère principalement en facturant aux vendeurs des commissions sur chaque achat.

Fortes pertes – Mais Klarna reste aussi fortement déficitaire. L’an passé, la société a accusé une perte nette de 7,1 milliards de couronnes (676 millions d’euros). C’est cinq fois plus qu’en 2020. Rien d’alarmant, assuraient alors ses dirigeants. Ses lourdes pertes ne seraient le reflet que de sa forte croissance – son volume d’affaires a grimpé de 42% en 2021 –, sur un marché en pleine expansion. Et de ses investissements pour conquérir de nouveaux pays, en particulier les Etats-Unis, le marché le plus prometteur. Mais son développement rapide s’accompagne d’une forte hausse de ses dépenses. Et d’un bond spectaculaire des pertes sur crédit, que Klarna subit lorsqu’un acheteur n’effectue pas tous les versements prévus. Celles-ci ont pratiquement doublé l’an passé.

Chute de la valorisation – Klarna est désormais rattrapée par le ralentissement du commerce en ligne, à mesure que les consommateurs retournent dans les magasins et que l’inflation progresse. Au premier trimestre, la croissance de son volume d’affaires est tombée à 16%. Ses pertes ont, elles, continué de se creuser. Pour financer son développement, la start-up cherche donc à mener une nouvelle levée de fonds, potentiellement d’un milliard de dollars, selon la presse suédoise. Klarna espère conclure cette opération sur la base d’une valorisation de 30 milliards, soit 35% de moins qu’en juin dernier. Un moindre mal: sur la même période, la capitalisation boursière de son rival américain Affirm a plongé de 62%.

Pour aller plus loin:
– Le secteur tech touché par une vague de plans sociaux
– La spectaculaire dégringolade boursière des valeurs tech


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