Par , publié le 17 mai 2022

L’histoire a fait grand bruit aux Etats-Unis. La semaine dernière, Carvana a licencié 2.500 employés, dont une partie par l’intermédiaire d’une conférence vidéo organisée sur Zoom. Cela représente 12% des effectifs de la plateforme de vente de voitures d’occasion. Aveuglés peut-être par l’euphorie des investisseurs et une spectaculaire envolée boursière, ses dirigeants ont été beaucoup trop ambitieux. Ils n’ont pas anticipé le ralentissement de leur croissance, à mesure que la situation sanitaire s’améliorait. Et ils ont dû s’endetter à des conditions peu favorables pour surmonter leurs difficultés. Depuis août, la sanction boursière est sans appel: le cours de l’action a été divisé par neuf !

30 plans sociaux en mai – Carvana n’est pas un cas isolé. Ces dernières semaines, les licenciements se multiplient en effet dans le secteur technologique. Le site layoffs.fyi recense ainsi 80 plans sociaux cette année, principalement aux Etats-Unis. Dont 30 depuis le début du mois de mai, quasiment autant que sur l’ensemble de l’année 2021. Dans cette liste, on retrouve d’autres sociétés qui ont profité de la crise sanitaire. C’est le cas de Peloton, le fabricant de vélos d’appartement, de Robinhood, l’application star du courtage, ou encore d’Hopin, le spécialiste des conférences virtuelles. Particulièrement pessimiste, l’investisseur américain Steve Sarracino redoute des “millions”  d’emplois supprimés dans les deux ans.

Difficulté à se financer – À l’origine de cette vague de licenciement: le spectaculaire plongeon des valeurs technologiques en Bourse. Et sa conséquence indirecte: le repli des investissements dans les start-up. “Le sentiment des investisseurs n’avait jamais été aussi bas depuis la bulle Internet” du début des années 2000, souligne David Sacks, l’un des fondateurs de Paypal. Pour les entreprises, cela signifie un accès plus compliqué aux capitaux extérieurs. Et donc davantage de difficulté à financer leur phase de croissance, qui se traduit généralement par d’importantes pertes. Les fonds de capital-risque, qui disposent encore de milliards à investir, se montrent par exemple déjà beaucoup plus exigeants avant de miser sur une start-up.

Limiter les dépenses – Cette nouvelle donne pourrait être d’autant plus douloureuse que les financements faciles ont poussé certains dirigeants à investir et à embaucher massivement, sans se soucier des lendemains. Les sociétés qui présentent les bilans comptables les moins solides doivent rapidement s’adapter. Elles doivent limiter leurs dépenses pour abaisser leur burn rate, le cash qu’elles consomment tous les mois. Cela passe par des licenciements, la baisse de dépenses, notamment marketing, ou encore l’abandon de projets. Certes, leur situation financière n’est pas forcément alarmante, grâce aux levées de fonds menées depuis deux ans ou à leur récente introduction en Bourse. Mais personne ne sait lorsque le contexte s’améliorera.

Pour aller plus loin:
– Softbank coupe ses investissements dans les start-up
– Forte baisse des levées de fonds de la French Tech


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