Par , publié le 9 mars 2022

C’était le symbole de l’insatiable euphorie boursière qui a entouré les valeurs technologiques entre le printemps 2020 et l’automne 2021. C’est désormais le symbole d’un brutal retour sur terre. Si ce n’est d’une bulle spéculative qui a éclaté avec fracas. Depuis novembre, la valeur du fonds Ark Innovation, spécialisé dans les “technologies de rupture”, a plongé de plus de moitié. Elle avait auparavant triplé en moins d’un an, propulsant sa gérante Cathie Wood au rang de superstar à Wall Street. Moins extrême, l’évolution du Nasdaq est similaire: après avoir touché son plus haut niveau historique en novembre, l’indice affiche depuis une chute de 20%.

Hécatombe – Pour autant, à Wall Street, beaucoup hésitent encore à parler d’une bulle. Peut-être parce que les géants de la tech, hormis Facebook, résistent beaucoup mieux. Derrière, l’hécatombe est pourtant très sévère. Elle touche les valeurs vedettes du Covid, comme Zoom, Roku ou Peloton. Et aussi les innombrables sociétés, le plus souvent pas encore rentables, qui sont entrées en Bourse ces deux dernières années à des niveaux de valorisation extrêmement élevés. C’est le cas d’Affirm, Robinhood, Wish ou encore Snowflake. Près de 45% des sociétés du Nasdaq accusent ainsi une chute de moitié. Près de 20% ont perdu les trois quarts de leur valeur.

Politique monétaire – Ces actions, dites de croissance, sont d’abord pénalisées par le resserrement monétaire à venir dans les pays occidentaux. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale prévoit en effet d’augmenter plusieurs fois ses taux cette année afin de lutter contre la persistance de l’inflation. Or, sa politique accommodante est considérée comme l’un des principaux catalyseurs de l’envolée des titres tech. Depuis trois semaines, l’invasion de l’Ukraine par la Russie accentue encore davantage la tendance baissière. Dans ce contexte, il devient impossible de justifier des niveaux de capitalisation excessifs, deux à trois fois plus élevés que la moyenne historique.

Repli des valorisations ? – La dégringolade des valeurs tech, en particulier des dernières arrivées sur les marchés, pourrait avoir des conséquences sur les start-up encore non cotées. Certes, les deux sphères ne sont pas directement liées, mais elles ne sont pas totalement décorrélées. Quand les fonds de capital risque investissent dans une entreprise, c’est par anticipation d’un exit, en particulier d’une future introduction en Bourse. Le plongeon des capitalisations pourrait ainsi se traduire par un repli des valorisations que les fonds sont prêts à offrir. Pour continuer à lever de l’argent, certaines start-up devraient alors accepter de baisser leur valorisation.

Pour aller plus loin:
– La Silicon Valley veut créer un nouveau Wall Street à son image
– Nouveau record de levée de fonds pour les start-up mondiales


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