Par , publié le 5 décembre 2024

Dans le petit monde des semi-conducteurs, Jim Keller est une véritable vedette. Pas étonnant donc que les investisseurs ne manquent pas pour le suivre dans son dernier projet. D’autant que l’ancien d’Apple, AMD et Tesla leur fait miroiter une petite part d’un immense gâteau, celui de l’intelligence artificielle générative. Mardi, la start-up canado-américaine Tenstorrent, qu’il dirige depuis deux ans, a ainsi officialisé une nouvelle levée de fonds, d’un montant de 700 millions de dollars – notamment auprès de Samsung, qui a déjà participé au précédent tour de table, et du fonds de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Elle n’est pas la seule à attirer les investisseurs. Comme elle, Groq, Cerebras ou encore SambaNova ont récolté des sommes importantes. Leur ambition commune: concurrencer Nvidia, le leader incontesté du marché.

90% du marché pour Nvidia – Longtemps dans l’ombre, ces entreprises profitent désormais de l’essor de l’IA générative. Et de la course à l’armement pour bâtir des capacités de calculs informatiques nécessaires à l’entraînement des modèles et à l’inférence (le processus de génération). Pour le moment, celle-ci a surtout bénéficié à Nvidia, qui capte environ 90% du marché grâce à ses cartes graphiques (GPU) dédiées, les plus avancées du secteur. Depuis deux ans, son chiffre d’affaires et ses profits se sont envolés. Tout comme le cours de son action, le propulsant en tête des capitalisations boursières mondiales. Tenstorrent, Groq ou Cerebras ne souhaitent pas s’attaquer de front au géant de Santa Clara. Mais espèrent profiter de ses faiblesses pour s’imposer comme des alternatives complémentaires sur certaines tâches.

Puces spécialisées – Face à Nvidia, ces groupes ciblent notamment le marché de l’inférence. Ce processus requiert moins de puissance, mais il reste principalement réalisé sur les mêmes GPU que l’entraînement. Avec leurs puces spécialisées, basées sur une architecture différente, Tenstorrent et les autres promettent ainsi des performances supérieures. Non seulement sur la vitesse d’exécution, permettant de générer plus rapidement des réponses. Mais aussi sur la consommation d’électricité, ce qui se traduit par une baisse des coûts. Groq met en avant une exécution dix fois plus rapide et dix fois moins énergivore. Cerebras revendique une vitesse multipliée par vingt et une consommation divisée par cinq. Autre avantage de taille: le prix. Autour de 1.000 dollars chez Tenstorrent, contre 15.000 dollars pour le GPU d’entrée de gamme de Nvidia.

Commandes – Ces arguments commencent à séduire des clients. Cerebras revendique un carnet de commandes de 1,5 milliard de dollars. Tenstorrent de 150 millions. Les investisseurs affluent aussi. Cerebras espère récolter un milliard lors de sa prochaine entrée en Bourse. Cet été, Groq, qui a frôlé la faillite à plusieurs reprises, a levé 640 millions. D’autres start-up, comme l’américaine Etched ou l’israélienne Hailo, ont recueilli plus de 100 millions. Tous ces acteurs ne sont cependant pas à l’abri d’une réponse de Nvidia sur l’inférence. Ils doivent aussi affronter la concurrence d’AMD et d’Intel. Et celles des mastodontes de la tech. Dans le sillage de Google, Microsoft, Amazon et Meta développent en effet leurs propres puces. Des initiatives qui pourraient fermer un débouché potentiel pour Tenstorrent et les autres.

Pour aller plus loin:
– Nvidia rassurant sur le lancement de sa prochaine puce d’IA
– Sam Altman cherche des milliards de dollars pour concurrencer Nvidia


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