Par , publié le 13 janvier 2025

Le tarif pouvait sembler excessif. Mais il ne permet pas à OpenAI d’être rentable. Début janvier, son patron Sam Altman a reconnu perdre de l’argent sur la nouvelle offre d’abonnement à ChatGPT, pourtant commercialisée à 200 dollars par mois. Cet aveu symbolise les coûts exorbitants de l’intelligence artificielle générative – en particulier, l’absence de véritables économies d’échelle qui complique grandement l’équation financière. Surtout, il constitue aussi un moyen de justifier sa volonté de changer de structure juridique, abandonnant le statut d’entreprise à profits plafonnés, contrôlée par une organisation à but non lucratif. Ce projet a été officiellement annoncé fin décembre. La société dispose d’un délai de deux ans pour le mener, faute de quoi elle devra rembourser 6,6 milliards de dollars à ses investisseurs.

Profits pour Microsoft – Au départ, OpenAI est un laboratoire de recherche, soutenu par quelques grands noms de la Silicon Valley pour développer une IA devant bénéficier à l’humanité sans être dictée par une logique de profit. En 2019, devant la nécessité de trouver des fonds, une nouvelle entité juridique est cependant créée: une filiale à “but lucratif plafonné”, dans laquelle Microsoft a depuis injecté près de quatorze milliards de dollars. En contrepartie, OpenAI s’est engagé à lui reverser une grande partie de ses profits. Quasiment tout le reste doit revenir à la fondation caritative. Cette structure hybride, longtemps source de conflits internes, rend impossible l’arrivée d’autres investisseurs, qui n’ont aucun moyen de générer des plus-values. Et elle complique grandement une potentielle introduction en Bourse.

“Public benefit corporation” – Or, OpenAI a besoin de beaucoup d’argent. “Bien plus que nous ne l’avions imaginé”, assure-t-elle. Dans un premier temps, Sam Altman a réclamé des milliards supplémentaires à Microsoft, qui a refusé. Il a donc dû se tourner vers des fonds de capital-risque, leur promettant de devenir une “public benefit corporation”, une entreprise à but lucratif qui œuvre aussi pour le bien de la société. Ce statut, déjà adopté par Anthropic, lui permettra de ne pas totalement se renier. En effet, OpenAI n’aura pas pour unique obligation légale de maximiser la création de valeur pour ses actionnaires. Elle pourra continuer à “s’assurer que l’IA générale (une IA capable d’apprendre seule, NDLR) bénéficie à toute l’humanité”, comme l’écrit-elle encore dans sa mission d’entreprise, même si cela se traduit par des profits moins élevés.

Plainte de Musk – OpenAI promet aussi de donner une partie du capital à sa branche à but non lucratif, lui permettant de disposer de ressources importantes. Ce projet se heurte cependant à deux obstacles. Il nécessite d’abord de renégocier avec Microsoft. Les discussions sont en cours entre les deux partenaires, tous deux accompagnés par de grandes banques d’affaires, sur fond de relations détériorées. En jeu: le poids du groupe de Redmond dans le capital et dans la future gouvernance. Ensuite, une plainte a été déposée par Elon Musk, qui a financé en partie les premiers pas de la start-up avant de claquer la porte. Le milliardaire l’accuse d’une supercherie d’une “ampleur shakespearienne” pour obtenir de l’argent, tout en ayant dès le départ un objectif lucratif caché à long terme. Il est soutenu dans sa démarche par Meta.

Pour aller plus loin:
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’IA
– OpenAI anticipe cinq milliards de dollars de pertes


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