Par , publié le 25 mars 2025

C’est un contrat qui ne pouvait pas mieux tomber pour CoreWeave. Mi-mars, juste après avoir officiellement déclenché son processus d’introduction en Bourse, la plateforme de cloud spécialisée dans l’intelligence artificielle générative a officialisé un partenariat avec OpenAI. Son montant: 11,9 milliards de dollars sur cinq ans. Au-delà du prestige, cet accord avec le créateur de ChatGPT doit aussi rassurer les investisseurs de Wall Street. Certes, l’entreprise affiche une spectaculaire progression de son chiffre d’affaires, portée par l’insatiable demande de capacités de calcul pour entraîner et faire tourner des modèles d’IA. Mais son activité affichait aussi une inquiétante dépendance à Microsoft, son principal client. Et sa situation financière reste fragile, en raison d’un niveau d’endettement particulièrement élevé.

Des cryptos vers l’IA – L’histoire de CoreWeave est atypique. La société n’est pas née dans la Silicon Valley, mais dans une banlieue cossue du New Jersey. Lancée en 2017 par trois traders en matières premières, elle se spécialise d’abord dans le minage de cryptomonnaie. Elle pivote ensuite vers l’IA. Le lancement de ChatGPT la fait entrer dans une nouvelle dimension. En 2022, ses recettes ne s’élèvent qu’à 16 millions de dollars. L’an passé, elles se sont chiffrées à 1,9 milliard. La plateforme revendique aussi 15 milliards d’obligations d’achat, sans compter le contrat signé avec OpenAI. Elle attire d’autres grands noms du secteur, comme Meta, IBM et Mistral AI. Mais près de deux tiers de son chiffre d’affaires provient, pour le moment, de Microsoft, à la recherche de capacités de calcul supplémentaires pour satisfaire les immenses besoins d’OpenAI.

250.000 GPU – Les dirigeants de CoreWeave n’ont pas hésité pas à investir massivement – près de neuf milliards de dollars en 2024 – pour construire de nouveaux data centers. La société en compte désormais 32, contre seulement trois il y a un an et demi. Elle cumule désormais plus de 250.000 cartes graphiques. Face aux géants du cloud, elle met en avant sa spécialisation dans l’IA générative. “Nous avons conçu une solution hautement performante qui n’a pas à faire de compromis pour réaliser d’autres tâches”, explique son patron Michael Intrator, interrogé par Fortune. CoreWeave profite aussi de ses relations privilégiées avec Nvidia, qui possède 6% de son capital. Elle a ainsi accès aux dernières puces en même temps que Microsoft ou Google, voire avant eux. En février, elle a ainsi été la première à déployer à grande échelle les GPU Blackwell.

Lourdes dettes – Pour financer son développement, l’entreprise s’est lancée dans une “stratégie de financement sophistiquée”, explique-t-elle. Elle ne s’est pas contentée de mener des levées de fonds, dont la dernière de 1,1 milliard de dollars l’an passé. Elle s’est aussi massivement endettée, en utilisant ses GPU comme collatéral. Au 31 décembre 2024, sa dette se chiffrait ainsi à 8 milliards. S’y ajoute une ligne de crédit supplémentaire de 4,4 milliards. Si ce choix a permis à CoreWeave d’aller beaucoup plus vite, il se traduit par des remboursements élevés: 941 millions en 2024, près de la moitié du chiffre d’affaires. Puis 2,5 milliards en 2025 et 3,1 milliards en 2026. S’y ajoutent environ deux milliards de dollars d’intérêts. Un véritable pari, qui ne tient que sur une croissance toujours soutenue des besoins de calcul pour l’IA générative.

Pour aller plus loin:
– OpenAI sort le chéquier pour s’émanciper un peu plus de Microsoft
– Pourquoi l’IA pousse les géants du cloud à s’intéresser au nucléaire


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