Par , publié le 24 juin 2025

Officiellement, TikTok est interdit depuis le 20 janvier aux États-Unis. Cinq mois plus tard, l’application de courtes vidéos est pourtant toujours accessible sur le sol américain. Elle vient même de recevoir un délai supplémentaire de 90 jours de la part de l’administration Trump. Celui-ci s’ajoute aux deux sursis de 75 jours accordés en janvier puis en avril. Il doit permettre, sur le papier, à sa maison mère ByteDance de trouver un acheteur pour les activités américaines, comme l’exige une loi votée l’an passé par le Congrès. Dans les faits cependant, le groupe chinois ne semble pas pressé. Non seulement parce qu’il estime que le temps joue en sa faveur, mais aussi parce qu’il sait que Donald Trump est pris au piège d’une loi à laquelle il s’est opposé, car il a promis d’éviter la fermeture d’une plateforme qui compte 170 millions d’utilisateurs américains.

Sécurité nationale – Depuis plus d’un an, la législation impose à ByteDance de se séparer de la branche américaine de TikTok. Le texte invoque des risques pour la sécurité nationale. Deux arguments sont avancés. D’une part, le réseau pourrait permettre à Pékin de collecter massivement des données sur les utilisateurs américains, malgré la promesse de les héberger sur des serveurs uniquement situés aux États-Unis. D’autre part, il pourrait alimenter de potentielles campagnes d’influence, susceptibles de manipuler l’opinion publique grâce à l’algorithme de recommandations. En l’absence de vente, la loi ne bannit pas directement la plateforme. Mais elle interdit aux entreprises de lui permettre d’opérer aux États-Unis. Cela concerne les boutiques d’applications mobiles d’Apple et de Google, mais aussi Oracle, qui héberge les services de TikTok dans le cloud.

Accord proche – Fin janvier, l’application a ainsi fermé ses portes pendant quelques heures, avant que Donald Trump ne publie un premier décret repoussant l’entrée en vigueur de la loi. Si la validité juridique des trois reports accordés à ByteDance est questionnée, aucune action n’a été intentée pour les contester devant la justice. Longtemps à l’arrêt, les discussions entre la Maison Blanche, de potentiels acheteurs et TikTok se sont accélérées en avril, juste avant l’échéance du premier délai de 75 jours. Une solution était même sur le point d’aboutir, autour d’un consortium construit autour d’Oracle et de plusieurs investisseurs. Celle-ci prévoyait qu’ils récupèrent 50% des activités américaines. Les fonds américains déjà présents dans ByteDance devaient contrôler 30%. Le groupe chinois aurait, lui, conservé 20%, le seuil maximal fixé par la loi.

Bloqué par Pékin ? – Washington assure que ce projet a été bloqué à la dernière minute par le gouvernement chinois, qui aurait justifié son refus par l’instauration de droits de douane additionnels. Pékin dispose en effet d’un droit de veto dans le cadre d’une golden share qu’il s’est accordée dans ByteDance. Pour obtenir un feu vert chinois, l’administration Trump avait pourtant accepté de laisser l’algorithme de recommandations dans les mains de la maison mère de TikTok – Oracle devant être chargé de contrôler la sécurité des données. La Chine a toujours affirmé être opposée à une vente ou à une prise de contrôle par des investisseurs américains. Mais Donald Trump estimait pouvoir trouver une porte de sortie dans le cadre de négociations commerciales plus larges. Si un accord a récemment été annoncé, l’avenir de Tiktok n’en fait pas partie.

Pour aller plus loin:
– TikTok lance sa plateforme de commerce en ligne en France
– ByteDance, la maison mère de TikTok, rattrape Meta


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