Un robot domestique capable de ranger la maison, faire la vaisselle, plier le linge ou arroser les plantes… La semaine dernière, la start-up 1X a officiellement ouvert les précommandes de son humanoïde Neo, proposé à 20.000 dollars à l’achat ou 500 dollars par mois en location. “Ce n’est plus de la science-fiction”, assure Bernt Bornich, son fondateur et patron. Et pourtant: la vidéo de présentation du robot n’est en réalité qu’une illusion, esquissant un futur rêvé encore bien lointain
Pendant neuf minutes, la séquence se garde bien de préciser un élément primordial: à deux exceptions près, aucune des tâches accomplies par Neo n’est effectuée de manière autonome. Dans les faits, le robot est piloté par un opérateur équipé d’un casque de réalité virtuelle et de deux contrôleurs, comme le révèle un reportage du Wall Street Journal. Une phase transitoire d’entraînement, promet Bernt Bornich, censée permettre au système d’apprendre progressivement à agir par lui-même.
Multitude d’environnements
Fondée en 2014 en Norvège, mais désormais installée à Palo Alto, 1X s’est d’abord spécialisée dans la robotique industrielle. Elle a opéré un virage vers les humanoïdes domestiques il y a trois ans, alors que les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle lui ont ouvert de nouveaux horizons. Neo est ainsi doté d’une puce conçue par Nvidia, qui doit lui permettre d’interagir avec son environnement. Il doit aussi être capable de comprendre des instructions en langage naturel, et d’y répondre.
Sur le plan mécanique, le robot semble bien avancé, même si certaines actions demeurent laborieuses. Dans la vidéo du Wall Street Journal, il lui faut cinq minutes pour mettre deux verres et une fourchette dans un lave-vaisselle. Sa principale faiblesse réside dans son “cerveau”: Neo doit encore apprendre à réaliser une multitude de tâches dans des environnements qui varient d’une maison à l’autre. “Il peut faire la plupart des choses de manière autonome, mais pas avec la qualité souhaitée”, assure Bernt Bornich.
Un bêta-test payant
Le patron de la start-up se veut toutefois rassurant: au lancement l’an prochain, Neo pourra accomplir seul de nombreuses tâches. Une promesse impossible à vérifier. Pour le reste, les utilisateurs devront réserver un créneau avec un téléopérateur, qui prendra le contrôle du robot à distance, s’invitant ainsi dans leurs foyers. “Sans ces données, nous ne pouvons pas améliorer le produit”, justifie Bernt Bornich. Autrement dit: les premiers acquéreurs participeront avant tout à une phase de bêta-test… payante.
Selon Bernt Bornich, une centaine d’heures d’entraînement seront nécessaires pour apprendre une tâche. Ce modèle soulève d’inévitables questions liées à la protection de la vie privée. 1X promet des garde-fous. Par exemple, les visages seront floutés, certaines pièces désignées à l’avance resteront inaccessibles et les vidéos enregistrées ne seront pas visionnées par un humain sans accord. “Si vous achetez Neo, c’est parce que vous approuvez ce contrat social”, souligne Bernt Bornich.
Attirer des investisseurs
Reste que les annonces de 1X s’apparentent surtout à une opération de communication. Les précommandes ne nécessitent qu’un acompte de 200 dollars, intégralement remboursable. Et aucune date de sortie précise n’est communiquée. La start-up semble surtout vouloir occuper le terrain médiatique, et vendre une vision plutôt qu’un produit abouti, alors qu’elle cherche à lever un milliard de dollars supplémentaires. Cette somme s’ajouterait aux 137 millions déjà récoltés, notamment auprès d’OpenAI.
1X n’est pas seule sur ce créneau. Tesla a déjà présenté son robot Optimus, se rendant aussi coupable de démonstrations trompeuses. Mais le constructeur automobile ne s’avance plus sur un calendrier, après avoir évoqué une commercialisation en 2027. En septembre, Figure a levé un milliard de dollars, avant de dévoiler un humanoïde pensé pour une production de masse – sans préciser de date de lancement. D’autres acteurs, comme Apptronik, Agility Robotics et The Bot Company, nourrissent les mêmes ambitions.
Pour aller plus loin:
– Quand le robot humanoïde d’Elon Musk impressionne… à tort
– Amazon teste un robot humanoïde dans ses entrepôts

